Richard Bergeron rêve de son premier amour
Il lorgne son ancien parti victorieux après l’avoir quitté pour celui de Coderre
Après un mariage de raison avec l’Équipe Denis Coderre qui lui a coûté les élections dimanche, Richard Bergeron rêve de son premier amour, Projet Montréal, maintenant que le parti qu’il a fondé a pris le pouvoir.
Devant ceux qui y verraient de l’opportunisme, le politicien hausse les épaules.
« Les gens penseront bien ce qu’ils voudront », dit-il en entrevue au Journal de Montréal.
La défaite colle à la peau de l’urbaniste. Après avoir perdu la course à la mairie trois fois à la tête de Projet Montréal, il a tourné le dos à son parti pour se joindre à l’équipe au pouvoir, il y a un an, au moment où tous les observateurs la croyaient indélogeable.
« Je n’avais pas le choix, lance-t-il en guise d’explication. Entre aller travailler dans un magasin ou rester à la Ville et augmenter mes possibilités de changer les choses, le choix était vite fait. »
Ironie du sort, M. Bergeron a été encore battu dimanche, cette fois par l’équipe à laquelle il avait tourné le dos. Depuis, les spéculations vont bon train sur son avenir politique.
Lundi, la nouvelle mairesse lui a ouvert la porte. « Cela va me faire plaisir de discuter avec lui et je suis convaincue qu’il pourrait m’aider dans la transition, ne serait-ce que pour le dossier du centreville, qui lui tenait très à coeur ».
JUSTE UN DOCUMENT
M. Bergeron était responsable de la Stratégie centre-ville sous Denis Coderre. Il admet que ce plan n’est jusqu’à présent rien d’autre qu’un document, mais s’estime le mieux placé pour le mettre en oeuvre.
Le doyen de l’Hôtel de Ville, Marvin Rotrand, estime néanmoins que Valérie Plante n’aura pas de mal à se passer du transfuge.
« Il y a beaucoup d’autres personnes capables », dit-il.
Selon lui, les électeurs ont montré la porte à M. Bergeron, car « il n’a rien fait pour le centre-ville en quatre ans ».
De plus, l’électorat, comme les membres de Projet Montréal, n’a pas digéré sa volteface et il faut respecter son choix.
« Je ne vois pas un avenir pour lui à la Ville dans les quatre prochaines années », tranche M. Rotrand.
En poste dans Snowdon depuis 1982, il ajoute que M. Bergeron a remué le couteau dans la plaie la semaine dernière en qualifiant Projet Montréal de parti « radical » tourné vers « l’extrême gauche ».
Sans renier ses paroles, M. Bergeron dit qu’il devait jouer le jeu politique.
« Il le fallait à ce moment-là, dit-il. Il y avait un minimum de services à rendre à l’équipe. »
Le politicien estime que les troupes de Valérie Plante seront forcées aux compromis dans l’exercice du pouvoir.
PAS TANT DE POUVOIR
« La réalité de la gouvernance au jour le jour de Montréal va amoindrir le projet de Projet Montréal, prévient-il. Il suffit d’être au pouvoir pour s’apercevoir qu’on n’en a pas tant que ça. »
La réalité financière risque notamment de rattraper la mairesse, indique M. Rotrand. Selon lui, beaucoup d’argent est déjà réservé au Réseau de transport électrique et ne pourra donc pas servir à une éventuelle ligne rose de métro.