Il reçoit 175 000 $ pour un oeil perdu
Montréal et ses policiers blâmés lors d’une manifestation
Un étudiant qui a perdu un oeil après avoir été blessé par une grenade de dispersion lancée par des policiers lors d’une manifestation en 2012 recevra 175 000 $ de la Ville de Montréal.
Le 7 mars 2012, Francis Grenier prenait part à une manifestation étudiante sur la rue Sherbrooke, à Montréal, en opposition à la hausse de frais de scolarité. À un moment, les policiers ont émis un avis de dispersion. Le jeune homme alors âgé de 22 ans a tenté de quitter les lieux, mais il s’est retrouvé pris dans un groupe de manifestants.
Au même moment, des policiers ont envoyé dans les airs des grenades de type « Rubberball Blast Grenade » (RBBG). Après avoir entendu une des détonations, M. Grenier a constaté qu’il était blessé à l’oeil droit. Selon lui, il n’a pas eu le temps de fuir après l’avis de dispersion.
« Le seul avis de dispersion à l’extérieur n’avisait pas les manifestants de ce qui s’en venait, soit l’intention des forces de l’ordre d’utiliser des grenades contenant des irritants chimiques et une charge explosive », a noté le juge Steve J. Reim- nitz, de la Cour supérieure, dans un récent jugement obtenu par Le Journal.
BANALISATION DU SPVM
Le juge déplore aussi la banalisation des policiers quant aux dangers que représentent ces grenades. Il a d’ailleurs critiqué l’actuel chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, à l’époque responsable de l’opération, qui avait comparé dans une note de service « le risque d’utiliser une grenade de type RBBG à un avertissement donné sur une boîte de céréales ».
Après cet incident, il a d’ailleurs été décidé de projeter les grenades au sol plutôt que dans les airs.
En octroyant une compensation de 175 000 $ à Francis Grenier, le juge a noté que celui-ci a dû faire une croix sur sa passion, les arts visuels.
« Le montant ne me rapporte pas la vue, mais ça me permet de me repositionner dans le futur. Ça fait aussi un baume d’avoir été écouté », a commenté au Journal M. Grenier.
Son avocat, Alain Arsenault, estime que M. Grenier pourrait recevoir jusqu’à 230 000 $ en comptant les intérêts.