Captivé par la venue de Drogba
Le nouvel entraîneur de l’Impact Rémi Garde se décrit comme un homme ouvert d’esprit. Quitter l’Europe après une pause d’une vingtaine de mois du métier pour venir tenter sa chance en Amérique ne lui pose pas problème.
Il ne considère pas faire un pas en arrière dans son cheminement. Pour lui, du foot, c’est du foot. Ça se joue à 11 contre 11 partout sur la planète.
L’homme est intéressant. Mes collègues assignés à la couverture régulière de l’Impact voient des similitudes entre lui et Jesse Marsch, entraîneur de l’équipe à sa première saison en MLS.
C’est un homme de tête. Il est intéressant à écouter. Il a répondu aux questions des journalistes durant près d’une heure lorsque Joey Saputo a fait l’annonce de sa nomination, hier après-midi, au centre d’entraînement de son équipe.
L’IMPACT DROGBA
Garde affirme ne pas débarquer à Montréal par défaut. Les offres ne manquaient pas. Il aurait pu reprendre du service dans un environnement avec lequel il aurait été plus familier.
Sans vraiment connaître la MLS, l’Impact ne lui était toutefois pas inconnu.
Le 24 juillet 2012, il avait dirigé l’Olympique Lyonnais avec qui il a connu les meilleurs moments de sa carrière comme joueur et entraîneur lors d’un match amical entre l’Impact au stade Saputo.
L’Impact disputait sa première saison en MLS. Une foule de 19 225 spectateurs, un sommet à ce moment-là au domicile de l’équipe montréalaise, avait vu le club français triompher dans un duel qui s’était terminé en tirs de barrage.
Garde a gardé cette soirée en mémoire.
La venue de Didier Drogba chez l’Impact, trois ans plus tard, est un autre élément qui a capté son attention.
Aussi, pendant qu’il était en pourparlers avec Saputo ces dernières semaines, il a communiqué avec son ancien coéquipier d’Arsenal Patrick Vieira, qui dirige le New York City FC dans la MLS.
Les propos de Vieira selon lesquels il se plaît dans l’univers de la MLS et qu’il peut travailler dans une ambiance relativement saine l’ont convaincu.
Ça correspondait à ce qu’il recherchait.
MÉTIER QUI SE VIT PLEINEMENT
Garde a connu des hauts et des bas comme tout entraîneur. À sa première saison avec le club lyonnais, il a mené l’Olympique à la coupe de France et au trophée des Champions. Mais après trois saisons, il abandonnait pour des raisons personnelles et familiales.
En novembre 2015, il signait un contrat de trois ans et demi avec l’Aston Villa de la Premier League, mais son séjour en première division anglaise ne dura que quatre mois.
« J’avais besoin d’un break (à ce point), dit-il.
Plusieurs personnes m’ont demandé pourquoi je ne continuais pas. Ils me disaient : Ne veux-tu pas poursuivre ta progression ? Je leur répondais que je voulais grandir en tant qu’homme et être humain, mais pas forcément parce que j’ai le meilleur palmarès.
Le métier d’entraîneur est difficile. Je ne veux pas l’exercer à moitié. Quand l’envie de revenir m’a repris, je ne voulais pas accepter n’importe quoi. Ç’a pris un peu de temps. J’ai senti quelque chose de spécial avec l’Impact. »
PAS LÀ POUR LA RENOMMÉE
C’est une expérience tout à fait nouvelle qui attend Garde. La MLS n’a pas la réputation des grandes ligues européennes, mais le nouveau venu ne serait pas ici s’il regardait le soccer nord-américain de haut.
« Ce n’est pas un problème, affirmet-il.
Je sais très bien qu’en venant ici, mon nom ne sera pas cité souvent dans la presse française. Il le serait encore moins si j’avais accepté l’une des propositions qui m’ont été faites à gauche et à droite en Europe.
Ça ne me dérange pas d’avoir mon nom dans le journal, mais ce n’est pas ce qui me fait courir. »
La propension de son nouveau patron (Joey Saputo) à changer d’entraîneur souvent ne lui fait pas peur. Il devient le cinquième entraîneur de l’organisation en MLS en six ans et le premier Européen depuis Marco Schällibaum qui n’avait fait qu’un an (2013).
Le défi qui l’attend sera aussi grand que tout ce qu’il a pu vivre en France et en Angleterre.