Le Journal de Montreal

Accurso nie avoir fait de la collusion

L’entreprene­ur accusé de fraude et de corruption n’a admis aucun crime lors de son témoignage très attendu

- JEAN-LOUIS FORTIN Auparavant au procès : l’avocat des entreprise­s de Tony Accurso a admis avoir participé à du financemen­t politique illégal. Aujourd’hui : le témoignage de l’entreprene­ur se poursuit.

De la collusion ? « Non. » Des pots-de-vin ? « Non. » De l’argent dans des enveloppes ? « Non. » L’entreprene­ur Tony Accurso a nié en bloc, hier, avoir participé au trucage des contrats publics dirigé par l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancou­rt.

Son témoignage était très attendu. Accusé de corruption, fraude et complot, celui qui fut à la tête du plus grand empire de constructi­on au Québec jusqu’en 2013 a juré n’avoir rien à se reprocher.

Selon la Couronne, Accurso savait fort bien que les gagnants de nombreux contrats étaient décidés avant même la fermeture des appels d’offres. Ses deux plus grosses firmes, Louisbourg et Simard-Beaudry, auraient bénéficié du stratagème et remis une ristourne en argent comptant correspond­ant à 2 % de la valeur des contrats remportés.

Mais l’entreprene­ur a une version complèteme­nt différente. Il affirme que les deux présidents qu’il a nommés à la tête de Louisbourg et Simard-Beaudry, soit Joe Molluso et Frank Minicucci, avaient un contrôle total sur les soumission­s et les contrats.

« ILS FAISAIENT LEUR JOB »

« J’étais le président du conseil d’administra­tion, je déléguais 100 % des responsabi­lités, tout, à mes présidents. […] Ils faisaient leur job sans être obligés de me demander la permission. »

L’air détendu, vêtu d’un complet bleu marine, l’entreprene­ur a également affirmé qu’il n’avait entendu parler qu’à deux reprises entre 1996 et 2010 d’un possible système de contrats arrangés et de pots-de-vin.

Les deux fois, c’est son ami Claude Asselin, l’ex-directeur général de la Ville de Laval, qui lui aurait demandé s’il était au courant.

Ignorant tout, Tony Accurso dit avoir alors interrogé Frank Minicucci et Joe Molluso, qui lui ont assuré n’avoir rien à se reprocher. Il n’a pas poussé sa petite enquête plus loin.

PAS D’ENVELOPPES

L’entreprene­ur a également nié avoir remis 200 000 $ comptant cachés dans le coffre d’une voiture à l’ingénieur retraité Marc Gendron, contredisa­nt ainsi le témoignage sous serment fait par Gendron il y a deux semaines.

Il s’est également inscrit en faux devant la thèse voulant qu’il ait autorisé le paiement d’une indemnité de départ secrète de 300 000 $ à l’ex-directeur de l’ingénierie de la Ville de Laval, Claude De Guise (voir encadré).

Accurso a passé beaucoup de temps hier à décrire l’ampleur de son empire pour montrer qu’il n’avait pas le temps de s’occuper de la gestion quotidienn­e des chantiers. Il a plaidé non coupable à toutes les accusation­s qui pèsent contre lui et il est le dernier témoin à être appelé à la barre dans le cadre de sa défense.

LES RÉPONSES DE L’ENTREPRENE­UR À SON AVOCAT Avez-vous remis 300 000 $ à monsieur Minicucci pour donner à monsieur De Guise ? – Non Avez-vous remis 200 000 $ dans deux enveloppes dans votre voiture à Marc Gendron ? – Non Avez-vous participé, pendant cette période-là (1996 à 2010), à un système de ristourne à Laval ? – Non Avez-vous entendu parler, pendant cette période-là, d’un système de ristournes à Laval ? – Oui, à deux reprises

 ?? PHOTO MARTIN ALARIE ?? Tony Accurso semblait détendu hier après-midi lorsqu’il a témoigné dans le cadre de sa défense, au palais de justice de Laval. Il a longuement parlé au jury de son enfance, de ses débuts comme entreprene­ur et de ses prouesses comme porteur de ballon alors qu’il jouait au football en tant qu’étudiant.
PHOTO MARTIN ALARIE Tony Accurso semblait détendu hier après-midi lorsqu’il a témoigné dans le cadre de sa défense, au palais de justice de Laval. Il a longuement parlé au jury de son enfance, de ses débuts comme entreprene­ur et de ses prouesses comme porteur de ballon alors qu’il jouait au football en tant qu’étudiant.

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