Kevin Spacey, un vrai méchant
De toute évidence, nous ne sommes pas prêts de revoir l’acteur oscarisé à l’écran
Alors que les accusations d’agression sexuelle se multiplient contre Kevin Spacey, on ne peut s’empêcher de repenser à certains rôles troublants qui ont marqué sa carrière à l’écran. De Beauté américaine à House of Cards, l’acteur a souvent incarné des personnages sombres, manipulateurs et déviants sexuels. Or, on comprend bien aujourd’hui pourquoi il réussissait à être aussi crédible dans ce genre de rôles.
Dès que l’acteur Anthony Rapp a lancé le bal des accusations, il y a quelques semaines, en révélant qu’il avait subi des avances sexuelles de Kevin Spacey il y a une trentaine d’années quand il était âgé de 14 ans, plusieurs personnes ont fait des liens entre Spacey et son célèbre personnage du machiavélique président américain Frank Underwood dans la série House of Cards.
Pour ceux qui n’ont jamais regardé cette série politique de Netflix, Frank Underwood est un homme odieux, mesquin, cynique et violent, prêt à tout pour assouvir sa soif de pouvoir. Bisexuel, il a entretenu une relation secrète et malsaine avec une jeune journaliste (qu’il a fini par tuer), puis avec son garde du corps.
Mais si on remonte plus loin dans la carrière de Spacey, on constate que l’acteur de 58 ans a toujours été abonné à ce genre de rôle. J’ai revu cette semaine l’excellent Beauté américaine et j’ai été fasciné de voir à quel point on peut faire des rapprochements entre le personnage qu’il joue dans ce film de Sam Mendes et les nombreuses allégations qui pèsent aujourd’hui sur lui.
Spacey y campe un père de famille, névrosé et obsédé sexuel, qui fantasme sur la meilleure amie de sa fille, une jolie adolescente blonde. Ce rôle lui a permis de remporter l’Oscar du meilleur acteur en 2000.
CARRIÈRE TERMINÉE ?
Comment oublier aussi l’inquiétant et manipulateur personnage du bandit infirme Verbal Kint dans le thriller Usual Suspects, un des rôles les plus célèbres de Spacey grâce auquel il a gagné le second Oscar de sa carrière. On se souvient aussi qu’il avait campé le tueur en série de Seven, le célèbre thriller de David Fincher. On m’a aussi rappelé, hier, que dans la comédie noire Hurlyburly (1998), Spacey jouait un autre personnage d’obsédé sexuel, un agent de casting cynique et blasé.
En d’autres mots, les personnages tordus, pervers et manipulateurs lui collent à la peau depuis longtemps. Et il semble partager les mêmes démons intérieurs que ces personnages qu’il a choisi d’incarner.
Une chose est sûre : on n’est pas près de revoir Kevin Spacey à l’écran. Dès que les premières allégations d’agressions sexuelles ont fait surface, Netflix a aussitôt suspendu le tournage de la sixième saison de House of Cards. Les producteurs du film All the Money of the World sont allés encore plus loin cette semaine en retirant l’acteur du générique pour le remplacer par le Canadien Christopher Plummer. Bref, pour les années à venir, Kevin Spacey devra se contenter du rôle de méchant dans la vraie vie plutôt qu’au cinéma.