Accurso donnait 75 000 $ par année au PLQ via Bibeau
Il dit avoir commencé cette pratique avec l’arrivée au pouvoir de Jean Charest
L’entrepreneur Tony Accurso affirme qu’il donnait 75 000 $ par année en financement occulte pour le Parti libéral du Québec (PLQ) sous le règne de Jean Charest, et que cette somme était remise à l’ex-grand argentier libéral Marc Bibeau.
Accurso a fait ces révélations hier dans le cadre de son procès pour fraude et corruption. Les accusations contre lui sont reliées aux contrats de la ville de Laval, mais il a aussi passé quelques minutes à décrire ses manoeuvres à l’intention des politiciens provinciaux.
« Je faisais faire 25 chèques par année, et on livrait ça à monsieur Marc Bibeau, du Parti libéral, à Saint-Eustache. Ça servait de contribution », a-t-il raconté.
L’entrepreneur dit que c’est « en 2001 ou 2002 » que cette pratique a commencé.
« C’est l’année que monsieur Bibeau est devenu l’argentier du parti, après l’élec- tion de monsieur Charest », a-t-il précisé.
PRÊTE-NOMS
Selon la loi, seuls les individus, et non les entreprises, ont le droit de financer les partis politiques. Pour que tout paraisse légal, 25 employés de Tony Accurso signaient les chèques, et l’entreprise les remboursait. Ces employés servaient donc de prête-noms.
Parfois même, le remboursement arrivait avant que l’employé fasse son chèque, a précisé celui qui dirigeait le plus gros empire de construction au Québec jusqu’en 2013.
Accurso a affirmé que c’est le PLQ qui lui demandait ces 75 000 $ annuellement. D’ailleurs, le PQ et l’ADQ (devenue la CAQ) lui auraient aussi fait des demandes, qu’il n’a pas chiffrées.
« Dans ce temps-là, depuis tout le temps […] les partis politiques, que ce soit le PQ, que ça soit l’ADQ, que ça soit le Parti libéral, ils nous demandaient de l’argent », a-t-il dit, sans préciser les montants qu’il remettait au PQ et à l’ADQ.
« LA LOI ÉTAIT AMBIGUË »
« Étiez-vous au courant que les entreprises n’avaient pas le droit de financer les partis politiques ? » lui a demandé Me Richard Rougeau, le procureur de la Couronne. Il a répondu qu’il n’avait pas l’impression de faire quelque chose d’illégal. « Les entreprises avaient le droit de rembourser la contribution. C’est comme ça que je l’ai compris, c’est comme ça que ça m’a été dit. La loi était ambiguë avant, tu pouvais l’interpréter d’une façon ou d’une autre », a dit l’entrepreneur.
Accurso dit néanmoins avoir tout cessé en 2010, lorsque l’ex-ministre Jean-Marc Fournier « a clarifié la loi ».
« Il a dit : “On n’a plus le droit de faire des prête-noms.” Alors on a arrêté », a affirmé le témoin.