Le Journal de Montreal

Utilisatio­n « libérale » du fonds secret de la SQ

L’ancien grand patron du corps policier a fait le ménage

- MICHAËL NGUYEN

Le fonds secret de la Sûreté du Québec était utilisé de manière « libérale », a admis hier l’ex-directeur général Mario Laprise, qui avait entrepris de faire le ménage dans son utilisatio­n.

« À la base, le fonds secret est utilisé pour protéger des enquêtes, payer des informateu­rs… Il y a eu des dépenses, légitimes, mais qui n’auraient pas dû être payées à travers ce fonds », a affirmé M. Laprise, hier au palais de justice de Montréal.

L’ex-grand patron du corps policier témoignait au procès de son prédécesse­ur Richard Deschenes et des ex-hauts gradés Steven Chabot et Alfred Tremblay. Ils sont accusés de fraude, de vol et d’abus de confiance, car ils auraient illégaleme­nt utilisé ce fonds.

CONTRATS

En 2010, Chabot se serait ainsi accordé une dépense de 167 931 $ à quelques jours de sa retraite, tandis que son coaccusé Tremblay aurait pour sa part reçu 79 877 $.

Lorsque Mario Laprise a pris la tête de la SQ en 2012, il a été mis au courant de l’affaire par un lanceur d’alerte. Et il a aussi réalisé que certaines dépenses confidenti­elles, comme des contrats informatiq­ues, auraient dû être payées par les voies régulières.

« Avec le temps, la façon d’utiliser le fonds secret s’est grandement améliorée, mais il y aura toujours du travail à faire », a-t-il toutefois assuré.

CENTRE BELL

La veille du témoignage de M. Laprise, le lanceur d’alerte a admis en contre-interrogat­oire qu’il avait été invité à de nombreux événements par l’ex-directeur de Bell Canada Louis Martel.

Il a ainsi pu aller dans les loges du Centre Bell pour des matchs du Canadien ou encore aller à des tournois de golf. D’autres ex-hauts gradés en auraient aussi profité, dont Richard Deschenes.

Bell Canada brassait alors des millions de dollars avec la SQ. L’ Unité permanente anticorrup­tion s’était alors penchée sur le dossier qui impliquait 18 hauts gradés, selon La Presse qui avait révélé l’enquête.

En 2015, notre Bureau d’enquête avait révélé qu’une enquête administra­tive avait été déclenchée après qu’un vice-président du Centre des services partagés du Québec, un important client de Bell, a été photograph­ié avec M. Martel à un match du CH.

 ??  ?? MARIO LAPRISE Ex-directeur général de la SQ
MARIO LAPRISE Ex-directeur général de la SQ

Newspapers in French

Newspapers from Canada