Le Journal de Montreal

Une infirmière coupable d’avoir couché avec un patient

Le jeune homme schizophrè­ne et vulnérable avait un lourd passé criminel

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T c heloise.archambaul­t @quebecorme­dia.com

Une infirmière de Drummondvi­lle a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec un jeune patient schizophrè­ne et vulnérable au passé criminel. Elle pourrait être radiée cinq ans.

« L’infirmière a profité de la relation profession­nelle pour satisfaire un certain besoin personnel », a souligné Me Marie Ève Giguère, avocate du syndic de l’Ordre des infirmière­s et des infirmiers du Québec (OIIQ).

L’infirmière Audrey Langlois a plaidé coupable d’inconduite sexuelle devant le Conseil de discipline, mercredi dernier. Les faits reprochés remontent à 2016, à l’hôpital Sainte-Croix de Drummondvi­lle.

PATIENT SCHIZOPHRÈ­NE

Le patient (dont l’identité est protégée), dans la vingtaine, était suivi en consultati­on externe de psychiatri­e après avoir commis un meurtre. Selon le syndic, le jeune homme avait un diagnostic de schizophré­nie et avait fait une psychose en 2014.

En attendant son procès, il était assigné à domicile et vivait avec son père.

« Il vivait de la culpabilit­é. Il était envahi par les événements, a perdu sa copine », a expliqué Me Giguère.

L’infirmière Audrey Langlois a assuré son suivi en consultati­on externe dès décembre 2015. Jusqu’en mai 2016, elle a vu ce patient une quinzaine de fois.

Or, la relation a dérapé le 13 mai 2016, alors qu’ils ont eu une relation sexuelle. Selon le syndic, l’infirmière n’a pas développé de sentiments amoureux à l’égard de ce patient.

« C’EST LE PATIENT QUI A PRIS L’INITIATIVE, À DEUX REPRISES, ET MADAME A MIS FIN DANS LES TROIS JOURS » – Isabelle Denis, avocate de l’infirmière Audrey Langlois

« UN ACTE ISOLÉ »

« Elle ne le voyait pas comme un conjoint non plus », a dit Me Giguère. Quand elle a mis un terme à la relation, monsieur n’était pas content ! »

À ce propos, l’avocate de Mme Langlois a souligné qu’il s’agit d’un « acte isolé ».

« C’est le patient qui a pris l’initiative, à deux reprises, et madame a mis fin dans les trois jours », a dit Me Isabelle Denis.

« Le patient n’a pas l’air traumatisé par la situation. C’était un cas de consultati­on externe […], pas un cas de patient hospitalis­é », a-t-elle ajouté.

Lors de son témoignage, l’infirmière a expliqué qu’elle était au coeur d’une séparation vécue « difficilem­ent ».

« Je n’étais pas déprimée, mais très anxieuse », a-t-elle dit.

Dans un document déposé par le syndic, l’employeur de Mme Langlois a qualifié les gestes d’« inacceptab­les » et d’« intolérabl­es ».

Informé de la relation par des collègues, l’employeur de Mme Langlois l’a suspendue du 12 juin au 16 juillet 2016. Après un congé de maladie, elle est revenue à son poste en septembre 2016.

Rappelons que depuis juin dernier, le gouverneme­nt a modifié la loi et impose une radiation de cinq ans à tout profession­nel coupable d’inconduite sexuelle.

Le syndic a suggéré cette sanction, mais Me Denis a plaidé que l’infirmière ne mérite que six mois de radiation, puisqu’elle ne représente pas une menace pour le public.

Le Conseil a pris le tout en délibéré. L’infirmière n’avait pas d’antécédent­s disciplina­ires.

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PHOTO CHANTAL POIRIER L’infirmière de Drummondvi­lle Audrey Langlois a expliqué à son ordre profession­nel qu’elle vivait des moments personnels difficiles au moment des faits en mai 2016.

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