Une médication aurait pu sauver un médecin suicidaire
Un pédiatre qui s’est suicidé en décembre 2016 à l’hôpital Sainte-Justine après avoir fait l’objet de mesures disciplinaires ne bénéficiait d’aucun soutien psychiatrique depuis plus d’un an.
« Un traitement médicamenteux aurait possiblement pu l’aider à surmonter ses nombreuses épreuves », peuton lire dans le rapport de la coroner Stéphanie Gamache rendu public hier.
Le médecin avait été sous les feux de la rampe en 2013 à la suite d’un reportage de l’émission Enquête à Radio-Canada dans lequel plusieurs parents s’étaient plaints d’avoir été accusés à tort par le médecin spécialiste de maltraitance.
Certains d’entre eux avaient temporairement perdu la garde de leur enfant en raison d’un signalement par le pédiatre aux autorités.
Peu de temps après, Alain Sirard avait été poignardé au dos dans le quartier de L’Île-des-Soeurs. Son travail avait fait l’objet d’une enquête par le Collège des médecins et le comité de discipline du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Une décision confidentielle avait été rendue en novembre 2016.
PROFONDÉMENT AFFECTÉ
« Cette décision [...] l’affecte profondément », note la coroner dans son rapport après avoir consulté les lettres laissées par le Dr Sirard à ses proches et une autre sur les lieux de son décès.
« [Ces lettres] témoignent d’une décision longuement planifiée et non impulsive [...], écrit-elle à propos du suicide du médecin. Il ne fait aucun doute que les épreuves des trois dernières années ont contribué à la décision de M. Sirard de mettre fin à ses jours. »
Or, le Dr Sirard ne bénéficiait d’aucun soutien psychiatrique depuis avril 2015. Il avait alors mis un terme à ses consultations puisqu’il ne voulait pas consommer de médicaments en raison des effets secondaires auxquels il se disait très sensible.
L’hôpital Sainte-Justine, qui a pris connaissance du rapport du coroner hier, a indiqué que ses « sincères pensées accompagnent sa famille et ses proches ».
L’administration de l’hôpital indique aussi qu’un comité qui relève du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens a été créé dans le but d’aider les médecins lors de situations particulièrement stressantes, dont les processus disciplinaires.