Tomber du piédestal
L’année 2016 nous était apparue interminable, tant elle ressemblait à un long parcours du combattant où on voyait mourir tant de personnalités appréciées.
En 2017, ce qui nous marque, c’est la quantité de figures connues qu’on aura vues tomber de leur piédestal. Inconduites sexuelles, comportements déplacés au travail, déconvenues électorales : tout y passe.
UN DANGER
Dernière personnalité qui aura fait parler d’elle pour les mauvaises raisons, André Boisclair, qui a embouti un lampadaire après une soirée arrosée dans un établissement de Québec. Après avoir comparu, celui-ci a admis ses erreurs sur Facebook et a suspendu ses activités professionnelles pour une semaine.
À travers ces histoires qui marquent l’actualité, tout amalgamer constitue un danger. Un chef cuisinier à qui on reproche un comportement lourdaud se voit réduit à l’infamie parce que son nom s’inscrit sur une funeste liste commençant par Weinstein, Rozon et Salvail.
SANCTION PUBLIQUE
Même lorsqu’il est question d’inconduites sexuelles, expression choisie justement pour couvrir l’ensemble des gestes allant de la blague déplacée au viol aggravé, les comportements dénoncés n’ont pas la même gravité. S’ils commandent tous un examen de conscience aux responsables, ils n’appellent pas aux mêmes sanctions.
Il y a toutefois une chose qui est commune à ces histoires, c’est qu’elles se dévoilent à travers la lentille grossissante des médias sociaux. L’effet d’accumulation des accusations se succédant fait grandir la colère à l’endroit de personnages qui ont connu le succès, la gloire puis le confort grâce à l’affection des gens.
La sanction publique n’en devient donc que plus forte et prend dans l’immédiat les allures d’une mise à mort professionnelle.
PERSONNE N’EST PARFAIT
Oui, il faut l’admettre, le contexte génère des abus. Lorsqu’on en est rendu à entendre que Denis Coderre a été victime du contexte « anti-mononcle », on doit quand même se rappeler qu’une coupe de cheveux drabe et de mauvaises manières ne constituent pas de si grands crimes.
Ça permet toutefois de voir ce qui crée le plus de colère chez le public. La perception d’hypocrisie, cette impression qu’une personne a utilisé son pouvoir pour camoufler, protéger ou faire taire. Voilà pourquoi des choses comme le nombre de billets vendus de la Formule E font tache d’huile.
Plus tôt cet automne, lorsque les candidats tombaient comme des mouches pendant l’élection partielle dans Louis-Hébert, certains se sont demandé s’il fallait n’avoir jamais rien fait de sa vie pour mener une carrière publique.
Or, personne n’est parfait. Si ce n’est pas tout le monde qui a déjà harcelé et violé, peu de gens peuvent prétendre n’avoir jamais posé un seul des gestes qui ont fait les manchettes ces derniers temps, comme prendre sa voiture en se sachant près de la limite.
Agirions-nous de la même manière si nous vivions toujours dans l’oeil de la caméra ? Cette année 2017 sera utile si elle nous amène tous à réfléchir à nos propres comportements.