Le Journal de Montreal

Trahi par son employé, il ne sévit pas

- JEAN-LOUIS FORTIN

Tony Accurso affirme que son subalterne Joe Molluso lui a caché pendant des années qu’il versait une ristourne à l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancou­rt. Malgré tout, il ne l’a pas congédié.

L’entreprene­ur a admis pour la première fois, hier, que ses entreprise­s avaient participé à un système de trucage des contrats à Laval. Il jure qu’il n’était au courant de rien jusqu’à ce que lui et Joe Molluso se fassent arrêter par l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) en mai 2013.

À ce moment, Molluso dirigeait Louisbourg. Cette firme, une des filiales de l’empire Accurso, aurait participé au cartel et versé des pots-de-vin correspond­ant à 2 % de la valeur de ses contrats en argent comptant.

« J’étais complèteme­nt viré à l’envers, je ne savais pas ce qui se passait. J’ai demandé à Joe Molluso : “Qu’est-ce qui se passe ?” Il m’a raconté toute l’histoire, il m’a dit qu’il avait participé à un système de ristournes », a raconté Tony Accurso sous serment.

« J’ai dit : “Regarde, Joe, tu vas assumer tes responsabi­lités. Ce que tu as fait, tu vas l’admettre et tu vas plaider coupable” », a poursuivi l’entreprene­ur.

TOUJOURS À SON EMPLOI

Joe Molluso, qui est le cousin d’Accurso, a effectivem­ent plaidé coupable. Et il travaille encore pour lui aujourd’hui.

« Je n’ai pas eu le coeur de le mettre dehors. Mon père n’aurait jamais fait ça non plus. C’est comme un membre de la famille », a justifié l’entreprene­ur.

Au cours des dernières semaines, deux collecteur­s de fonds de Gilles Vaillancou­rt ont affirmé que Joe Molluso leur avait directemen­t remis des centaines de milliers de dollars en liquide, au fil des ans.

Malgré tout, à ce jour, le magnat de la constructi­on et de l’immobilier n’a même pas cherché à savoir quelle somme son subalterne avait dérobée.

« On n’a pas parlé des montants, on n’a pas parlé des détails », a-t-il répondu.

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