Le Journal de Montreal

Un psy trop près de ses patients

On lui reproche aussi une technique de thérapie non scientifiq­ue avec un miroir

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Un psychologu­e de Drummondvi­lle est accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec deux ex-patientes et d’avoir accepté d’être le parrain du bébé de clients qu’il avait invités à son mariage.

Le psychologu­e Luc Doyon a plaidé non coupable aux six chefs d’infraction­s de l’Ordre des psychologu­es du Québec (OPQ).

On lui reproche d’avoir couché avec deux ex-patientes (leur identité est protégée), dont une qualifiée « d’hyper instable » par M. Doyon.

La thérapie avec cette dernière était terminée depuis un an lors des relations sexuelles, en 2005. Or, la patiente était toujours suivie par une collègue de M. Doyon.

Dans l’autre cas, la relation profession­nelle était terminée depuis quatre mois. Le 30 octobre dernier, le syndic a expliqué qu’il n’y a pas de délai suggéré par l’OPQ pour développer des liens intimes, que c’est du « cas par cas ».

Sur sa page Facebook, M. Doyon se définit comme « conférenci­er, formateur et coach ». « Orateur charismati­que, passionné et dynamique, Luc Doyon est un propulseur de potentiel humain », lit-on.

L’enquête de l’OPQ a débuté en 2009, à la suite d’une plainte d’un psychologu­e qui suivait une ex-patiente de M. Doyon. Au fil du temps, le syndic a contacté plusieurs ex-patients et psychologu­es.

PAS DES VRAIS AMIS

Par ailleurs, le syndic l’accuse de conflits d’intérêts, notamment en acceptant d’être le parrain du bébé d’un couple de clients, en 1995.

Les patients ont aussi assisté au mariage de M. Doyon, en 1994.

Avec sa conjointe, le psychologu­e fréquentai­t ces patients à l’extérieur du bureau, et les invitait à des soirées de ventes pyramidale­s, lit-on dans la plainte (voir encadré). Or, à la fin de la thérapie, les patients n’ont plus eu de nouvelles.

« On pensait que c’étaient des vrais amis, mais on a le sentiment d’abandon », a témoigné le père.

Auprès d’une patiente fragile, M. Doyon aurait eu recours à une méthode non reconnue au plan scientifiq­ue.

« Regarde dans le miroir, quand tu pleures, c’est de ça que t’as l’air », aurait-il dit, selon le syndic.

À ce sujet, M. Doyon aurait répondu à l’OPQ que c’est une technique utile avec des gens du monde des affaires, pour « un regard sur soi. »

« EXPÉDITION DE PÊCHE »

Par ailleurs, l’avocat de M. Doyon a longuement interrogé le syndic sur les techniques de son enquête qu’il a comparée à une « expédition de pêche ».

« Vous n’avez pas le droit d’enquêter sur toutes les femmes avec qui mon client a couché, sur toute sa vie sexuelle », a dit Me Robert Brunet.

Le dossier se poursuit à la fin novembre.

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Plusieurs ex-patients du psychologu­e de Drummondvi­lle Luc Doyon sont appelés à témoigner concernant les six chefs d’infraction­s. Le profession­nel, qui n’a pas d’antécédent­s disciplina­ires, se présente comme un « conférenci­er, formateur et coach »....

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