Doit-on limiter le nombre de passagers dans une voiture ?
Réduire le nombre de passagers dans un véhicule conduit par un jeune conducteur pourrait aider à améliorer le bilan routier, croient des experts qui citent l’Ontario en exemple.
« Il y a évidemment une haute propension à s’engager dans des comportements téméraires et audacieux en groupe. La présence d’autres personnes peut inciter un adolescent à se montrer plus invulnérable que d’habitude », avance le psychologue Hubert Van Gijseghem.
TESTOSTÉRONE
L’expert fait même un lien avec la testostérone des jeunes hommes, « c’est-à-dire entre le moteur intérieur et le moteur de l’auto ».
« L’auto a souvent été un genre d’excroissance de la puissance masculine », ajoute-t-il.
La présence d’autres jeunes dans l’habitacle peut inciter le conducteur à rouler vite, mais peut aussi constituer une distraction, insiste Lewis Smith, du Conseil canadien de la sécurité.
« Au même titre que le cellulaire au volant, la présence d’autres personnes dans la voiture » peut empêcher le conducteur de se concentrer sur la route, dit-il.
L’ONTARIO EN EXEMPLE ?
« Comme on dit souvent, plus on est de fous, plus on s’amuse », souligne le coroner Yvon Garneau, qui a déjà évoqué l’idée de limiter le nombre de passagers à bord d’un véhicule conduit par un jeune conducteur.
Dans un rapport controversé, il avait aussi recommandé l’imposition d’un couvre-feu aux jeunes conducteurs de 16 à 24 ans.
C’était à la suite d’un accident survenu en 2010 à Drummondville, où quatre jeunes hommes étaient morts après que le conducteur eut foncé dans un arbre à haute vitesse, au terme d’une soirée bien arrosée.
Dans ses recommandations, le coroner rappelait qu’en Ontario, l’on interdit aux conducteurs moins expérimentés de conduire entre minuit et 5 h du matin.
De plus, durant les six mois qui suivent l’obtention de leur permis, les conducteurs de 19 ans et moins ne peuvent conduire de nuit avec plus d’un jeune passager à bord. Les six mois suivants, ils ne peuvent conduire qu’avec trois passagers de moins de 19 ans dans leur véhicule.
« Les chiffres démontrent que cette limitation est un succès », note M. Smith.
En effet, ce système a fait chuter de 30 % le nombre de décès et de blessés chez les jeunes Ontariens de 16 à 19 ans.