Le Journal de Montreal

L’Amérique de Trump attire moins nos cerveaux

Moins de Canadiens qualifiés partent à la conquête de nos voisins depuis l’élection de Donald Trump

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Si la tendance se maintient, l’hémorragie des cerveaux canadiens vers les États-Unis va atteindre un creux historique cette année grâce à la force de l’économie canadienne, mais surtout… grâce à Donald Trump.

« La fuite des cerveaux est en train de disparaîtr­e ! », s’exclame le vice-président de l’Associatio­n d’études canadienne­s, Jack Jedwab.

Depuis des décennies, des dizaines de milliers de Canadiens éduqués et ambitieux s’exilent chaque année aux États-Unis à la recherche de nouvelles opportunit­és. Mais depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, leur nombre s’est réduit comme une peau de chagrin.

« Ce ne sont pas des gens qui cherchent de l’emploi qui vont aux États-Unis. Ce sont des gens qui ont déjà un emploi et qui cherchent à améliorer leur situation économique. C’est pour cela qu’on appelle cela la fuite des cerveaux », explique M. Jedwab.

MERCI À TRUMP

Les Canadiens sont encore aujourd’hui plus nombreux à migrer vers le sud que les Américains faisant le chemin inverse.

Dans les six premiers mois de 2017, 5869 Canadiens ont fait leurs valises pour les États-Unis, tandis que 4685 Américains ont déménagé au nord, pour une perte nette de 1184 personnes.

Mais il faut remonter aussi loin que la guerre du Vietnam (1955-1975) pour observer un si petit solde migratoire, selon M. Jedwab. Durant cette période, des dizaines de milliers de jeunes Américains se sont réfugiés au nord pour éviter d’aller au front.

« Trump a un effet dissuasif sur les Canadiens, assure le chercheur. Ils ne déménagent presque plus aux États-Unis depuis 18 mois. »

M. Jedwab s’attendait à ce que le bilan du solde migratoire soit plutôt influencé par l’augmentati­on marquée d’Américains s’établissan­t au Canada. Nombre d’entre eux ont menacé de partir avec l’élection de Donald Trump.

Or, ce sont plutôt les Canadiens, notamment refroidis par le président républicai­n, qui permettent au pays de mieux s’en tirer à ce chapitre.

« Je ne me doutais pas que le climat politique américain ferait en sorte que les Canadiens bouderaien­t les États-Unis », ajoute M. Jedwab.

« EXCELLENTE NOUVELLE »

Le président-directeur général de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, Michel Leblanc, voit dans cette tendance une « excellente nouvelle ».

« Les États-Unis n’ont plus la force d’attraction qu’ils avaient et les premiers à s’en rendre compte sont les Canadiens, croit M. Leblanc. C’est une réalité américaine qui est née d’une méfiance envers les étrangers et d’un discours politique qui est moins accueillan­t venant de Trump. »

À l’inverse, le Canada n’a jamais été aussi « cool » sur la scène internatio­nale et son économie « est forte » à l’heure actuelle, poursuit-il.

– Avec Christophe­r Nardi

« JE NE ME DOUTAIS PAS QUE LE CLIMAT POLITIQUE AMÉRICAIN FERAIT EN SORTE QUE LES CANADIENS BOUDERAIEN­T LES ÉTATS-UNIS » – Jack Jedwab

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Le chercheur Jack Jedwab s’attendait à ce que plus d’Américains viennent s’établir au Canada après l’élection de Donald Trump. Mais ce sont plutôt les Canadiens qui ne sont plus aussi attirés par les États-Unis, selon lui.
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DONALD TRUMP Président américain

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