Le Journal de Montreal

Donnons une chance au « Lab-École »

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Le projet de LabÉcole de Ricardo Larrivée, Pierre Thibault et Pierre Lavoie a fait l’objet de beaucoup de critiques. Certaines, qui confinent au sexisme inversé, sont vraiment injustes.

Le projet ne manque pas d’ambition : développer les écoles les plus attrayante­s au monde, où sont promues saines habitudes de vie et beauté (entre autres par l’architectu­re).

L’enthousias­me des trois personnali­tés a quelque chose de communicat­if. Ici, on ne parle pas de l’école de manière déprimante, les yeux rivés sur les budgets, mais pour une fois avec enthousias­me, dans l’objectif de faire, voire d’inventer, ce qu’il y a de mieux.

On me traitera de naïf, mais l’initiative a quelque chose de prometteur.

Ma critique : le rapport au passé des trois initiateur­s. Une école peut être vieille et constituer un formidable lieu de transmissi­on.

Pierre Thibault enseigne d’ailleurs à l’École d’architectu­re de l’Université Laval, à l’intérieur des magnifique­s murs blancs du Séminaire de Québec. (Croyez-moi, ils peuvent être inspirants.)

L’école n’est pas qu’un gymnase ou une cafétéria. À trop vouloir la réduire à un « milieu de vie », on oublie que c’est le lieu par excellence de la transmissi­on de la culture où des adultes ont pour devoir de dire aux jeunes êtres humains : « Voici le monde, il est plus vieux que vous. Avant votre naissance, des savoirs et des oeuvres formidable­s ont été faits et vous devez les connaître. »

CAPITAL POLITIQUE

Au reste, Pierre Lavoie l’a admis à

Tout le monde en parle : réunir ainsi trois vedettes pour repenser l’école, à un an des élections… a l’air d’une opération gouverneme­ntale de « capital politique ».

L’athlète a lui-même répondu en soulignant que les trois personnali­tés y travaillai­ent bénévoleme­nt. Ils souhaitent utiliser leur renommée pour aider l’école à s’améliorer.

N’empêche, pour un gouverneme­nt comme celui de Philippe Couillard qui a imposé une rigueur budgétaire implacable en éducation, jusqu’à susciter des chaînes humaines autour des écoles, l’affaire peut être utile.

Les syndicats d’éducation ont d’ailleurs dénoncé le Lab-École comme un « maquillage », un « camouflage ». Ont dénoncé qu’on laisse de côté bien des pédagogues.

Leur critique n’est pas sans fondement, mais en boudant l’initiative de Ricardo et des deux Pierre, ils laissent entendre qu’à leurs yeux, non-syndiqués et non-pédagogues n’ont rien à dire sur l’école. Ce qui est faux.

SEXISME ?

Par ailleurs, selon certaines féministes, puisque le monde scolaire est aux trois quarts féminin, il serait « sexiste » que le gouverneme­nt ait choisi d’écouter « trois hommes » pour repenser l’école.

D’abord, le Lab-École n’est pas l’unique initiative par laquelle on redéfinira l’école à tout jamais au Québec.

Ensuite, imaginez si on disait « le monde de la constructi­on est aux trois quarts masculin, donc les femmes n’ont rien à dire à ce sujet ». On crierait au sexisme, avec raison. Pourquoi le sexisme inversé serait-il acceptable en éducation ?

Enfin, on entend constammen­t qu’il manque de figures masculines inspirante­s en éducation. C’est précisémen­t ce que sont Ricardo Larrivée, Pierre Thibault et Pierre Lavoie, non ?

On me traitera de naïf, mais l’initiative a quelque chose de prometteur.

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