Le Journal de Montreal

Des employés ne pouvaient croire que leur train brûlait

SHERBROOKE | Des employés de la MMA ont eu peine à croire que leur train chargé de pétrole venait d’exploser à Lac-Mégantic le 6 juillet 2013, tuant 47 personnes.

- CAROLINE LEPAGE

Au début de la nuit du 6 juillet 2013, la Sûreté du Québec a informé le contrôleur de circulatio­n ferroviair­e Richard Labrie qu’un feu impliquant la Montreal, Maine & Atlantic (MMA) s’était déclaré à Lac-Mégantic.

M. Labrie a aussitôt communiqué l’incident au directeur de l’entretien de la voie ferrée à la MMA, Daniel Aubé.

Surpris, il a réagi en disant : « Tabarnak ! » a rapporté hier l’avocat de M. Labrie, Guy Poupart, lors du procès des trois ex-employés de la MMA, Tom Harding, Richard Labrie et Jean Demaître, accusés de négligence criminelle ayant causé la mort de 47 victimes.

M. Aubé a alors supposé que les 400 traverses de chemin de fer entreposée­s là-bas étaient en train de brûler.

Il a contacté son contremaît­re, Jean-Noël Busque, qui venait de superviser l’interventi­on des pompiers, vers minuit, pour éteindre un feu pris dans la cheminée d’une locomotive de leur train de pétrole garé à Nantes pour la nuit.

M. Busque a été chargé d’aller voir le nouvel incendie à Lac-Mégantic, une dizaine de kilomètres plus loin. « Si c’est ben grave, tu m’appelleras. Je vais descendre », lui avait dit son patron, qui résidait à Sherbrooke.

INCONCEVAB­LE

Au téléphone, M. Labrie et M. Busque s’obstinaien­t sur la cause de l’incendie. Aucun ne pouvait concevoir que leur train de pétrole était impliqué.

« Christ, il est à Nantes. Il ne peut pas être à Mégantic », aurait répondu M. Aubé.

Les deux employés, qui comptent plusieurs années d’expérience dans le milieu ferroviair­e, sacraient pour exprimer leur consternat­ion.

« C’est la dernière chose à laquelle on peut penser », a déclaré M. Aubé.

Sur place, M. Busque ne comprenait pas non plus ce qui se passait.

« Il y a tellement de boucane. Je ne vois rien, mais je sais que ça n’a pas d’allure », a-t-il raconté aux membres du jury.

M. Busque cherchait à s’expliquer le spectacle d’horreur qu’il avait sous les yeux.

« Ça brûle tellement. C’est impossible. Ce n’est pas ordinaire », se répétait-il.

Comme M. Labrie lui assurait que le train de pétrole était à Nantes, le contremaît­re ne savait pas quoi répondre aux pompiers et aux policiers sur les lieux.

« Eux aussi se demandaien­t ce qui brûlait », a-t-il expliqué.

Perplexe, M. Busque est retourné à Nantes pour vérifier si le fameux convoi de la MMA était toujours là. Il a dû annoncer la mauvaise nouvelle. « J’ai rappelé Richard Labrie et je lui ai dit que son train brûlait à Mégantic », a-t-il conclu hier.

M. Busque continuera son témoignage aujourd’hui.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE Un des accusés, Richard Labrie, a eu beaucoup de mal à croire que c’était le train de la MMA qui venait d’exploser.

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