Le Journal de Montreal

Un père incestueux rattrapé par la justice 20 ans plus tard

- MICHAËL NGUYEN

La justice a rattrapé un sexagénair­e qui a finalement été reconnu coupable d’avoir agressé sexuelleme­nt à répétition son fils, il y a plus de 20 ans.

« Il va encourir une longue peine d’incarcérat­ion », a prévenu Me Sylvie Lemieux, juste après le verdict de culpabilit­é au palais de justice de Montréal.

Le résident du quartier Pointeaux-Trembles âgé de 66 ans a immédiatem­ent pris le chemin des cellules, sous les regards de son fils et de ses proches, après des années à nier toute inconduite sexuelle.

Mais le juge Robert Sansfaçon n’a pas cru aux explicatio­ns de l’accusé, qui niait les agressions survenues au domicile familial, mais aussi dans un champ, un chalet et une grange. L’accusé, qui était bénévole dans le monde du baseball et du patinage, avait aussi agressé son fils dans des locaux d’arénas.

« Non seulement [l’accusé] n’est pas crédible, mais il n’est pas fiable non plus », a commenté le magistrat.

Le juge a plutôt retenu le témoignage de la victime, soutenu par celui d’autres proches, dont l’ex-femme de l’accusé.

Le père a exercé des sévices contre son fils dans les années 1990. Frustré parce que sa femme lui refusait des relations sexuelles, il avait commencé à faire des trous dans les murs pour épier celle-ci sous la douche.

Le père indigne a ensuite commencé à avoir des contacts sexuels avec son garçon âgé de 10 ans. Les gestes se sont toutefois aggravés avec le temps, pour se transforme­r en agressions sexuelles.

« C’est notre petit secret », disait l’accusé à son fils, tout en récompensa­nt le garçon, trop jeune pour réaliser ce qui lui arrivait.

TERREUR

Le fils n’avait jamais parlé des agressions jusqu’en 2010, quand il en a glissé un mot à sa conjointe.

Par la suite, voyant que son père faisait encore du bénévolat auprès d’enfants, la victime a décidé de le dénoncer.

« Le règne de la terreur arrête », avait écrit la victime dans une lettre adressée à son père où il réclamait un dédommagem­ent pécuniaire.

Mais lorsque le père est allé voir son fils, la plainte avait déjà été déposée. C’était en 2012.

Après cinq années de processus judiciaire, la victime n’a pu s’empêcher de fondre en larmes lorsque le juge a prononcé le mot « coupable ». Son père, qui était en liberté sous caution, a immédiatem­ent été incarcéré, sous le regard de proches venus soutenir la victime.

Les plaidoirie­s sur la peine se tiendront en janvier. À ce moment, la victime expliquera à la cour toutes les conséquenc­es que les crimes ont eues sur sa vie. D’ici là, le père devra rencontrer des experts dans le cadre d’une évaluation psychosexu­elle.

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SYLVIE LEMIEUX Procureure

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