Le Journal de Montreal

Ils pourraient devoir payer pour avoir accès à leur lac

Des terrains qui se retrouvent sous l’eau appartienn­ent à une compagnie privée

- DAVE PARENT

ESTÉREL | Des riverains de trois lacs des Laurentide­s pourraient devoir payer pour avoir accès à celui qui borde leur terrain parce que des terres, qui sont aujourd’hui sous l’eau, appartienn­ent à une compagnie privée.

Joseph Dydzak habite sur le bord du lac Masson, à Estérel, depuis 60 ans. Il n’a jamais pensé qu’il pourrait y avoir un voisin derrière sa maison, située au bord de l’eau.

Or en 2016, la Ville d’Estérel, dans les Laurentide­s, a procédé à une rénovation de son plan cadastral. Tout comme M. Dydzak, 350 riverains qui habitent sur le bord des lacs Masson, du Nord et Dupuis ont appris qu’ils avaient maintenant un voisin dont les terrains se trouvent sous l’eau.

La compagnie Zardev, à qui appartient l’hôtel Estérel, possède une bande de terrain autour de ces lacs et pourrait donc réclamer à ces 350 citoyens un droit de passage s’ils veulent accéder aux étendues d’eau.

Pourtant, rien n’apparaissa­it sur les certificat­s de localisati­on des propriétai­res actuels.

« Quand nous avons acheté, à la fin des années 1950, c’était inscrit dans le certificat de localisati­on : “Borné par le lac Masson.” Nous avons une bonne cause entre les mains. On veut bien discuter avec Zardev, mais on ne veut pas payer pour quelque chose qui est à nous », explique Joseph Dydzak, qui a entrepris des procédures judiciaire­s dans le cadre de ce dossier.

M. Dydzak a été élu maire de la ville le 5 novembre dernier.

INTIMIDATI­ON ?

Le club de golf Estérel a déjà subi les conséquenc­es de ces nouvelles délimitati­ons. La compagnie qui puise l’eau pour arroser son terrain directemen­t du lac Masson s’est fait intimer de retirer ses installati­ons parce qu’elles se trouvent sur les terres submergées de Zardev.

Une entente, dont les détails n’ont pas été révélés, a toutefois permis au club de golf de laisser son système en place.

Un riverain rapporte aussi sa rencontre avec un des propriétai­res de Zardev, Don Zarbatany.

« Il m’a mis en garde que si je m’opposais à sa réclamatio­n, il m’enlèverait le droit d’accéder à l’eau », explique Louis Lépine, propriétai­re de plusieurs maisons sur les rives du lac Masson.

DÉJÀ EN 1909

En 1909, la Compagnie hydrauliqu­e de la Rivière du Nord, propriétai­re de tout ce secteur, a fait monter le niveau des trois lacs afin d’alimenter son barrage, inondant du même coup certains terrains.

En 1957, la compagnie Simco, qui deviendrai­t plus tard Zardev, a acheté tout le secteur (connu aujourd’hui sous le nom Estérel) afin de le diviser en plusieurs lots pour les vendre à des particulie­rs. Aujourd’hui, Zardev, qui a pris connaissan­ce des vieux documents légaux de 1909, prétend avoir des droits sur les terrains inondés au début du XXe siècle. Zardev inc. n’a pas répondu à nos appels. – En collaborat­ion avec

monjournal.ca

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JOSEPH DYDZAK Maire et riverain

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