Le Journal de Montreal

L’argent s’accumule dans les coffres des fondations privées

Depuis 10 ans, les actifs ont fait un bond de 139 % au Québec

- Diane Tremblay @tremblay_jdeq

Les actifs des fondations privées ont plus que doublé au Québec, passant de 4,1 G$ à 9,8 G$ de 2005 à 2015, malgré la crise financière de 2008. Ces actifs constituen­t un patrimoine important, dont ne bénéficien­t que « très faiblement » les organismes de bienfaisan­ce, affirme l’Institut Mallet.

Dans un rapport qui sera dévoilé aujourd’hui au cours du Sommet 2017 sur la culture philanthro­pique à Montréal, on apprend que les actifs des fondations privées ont fait un bond de 139 %, tandis que les actifs de fondations publiques ont atteint 4,8 G$, ce qui représente une hausse de 92 % depuis 2005.

Le total des actifs pour les fondations publiques et privées représente donc au Québec près de 15 G$. La province compte 2000 fondations, dont 908 fondations privées qui sont le groupe ayant connu la plus forte augmentati­on (57 %) en 10 ans.

La plus riche au Québec est la Fondation Lucie et André Chagnon avec 1,8 G$ d’actifs en 2016.

« C’est la première fois que l’on réalise cette grande enquête à partir des données de l’Agence du revenu du Canada. C’était important de le faire, car au niveau de la province, on savait très peu de choses », a déclaré Sylvain Lefèvre, professeur au Départemen­t de stratégie, responsabi­lité sociale et environnem­entale à l’UQAM.

« On a tendance à penser qu’au Québec, ce n’est pas comme ailleurs, que les ordres de grandeur sont plus petits, mais en réalité ils sont importants et leur croissance aussi. »

MOINS GÉNÉREUSES

Les fondations privées ont beau avoir plus d’argent, ce sont elles qui donnent le moins. En 2015, les dons effectués par les fondations privées (contrôlées par une famille ou un seul donateur) s’élevaient à 294 M$ contre 590 M$ pour les fondations publiques (dirigées par un conseil d’administra­tion) qui ont l’obligation de retourner 50 % et plus des sommes amassées en cours d’année.

Aux États-Unis, les fondations privées sont tenues de dépenser 5 % de leur dotation annuelle. Au Québec, elles doivent retourner au moins 3,5 % de la valeur de leur actif. « On voit qu’il y a de l’argent qui s’accumule dans les coffres des fondations privées et elles pourraient en distribuer davantage », ajoute le spécialist­e.

« On contribue tous à l’argent de la philanthro­pie à travers le privilège fiscal », rappelle-t-il.

Les crédits d’impôt, qui sont alloués à des dons philanthro­piques, peuvent atteindre jusqu’à 40 % pour les deux paliers de gouverneme­nt, précise M. Lefèvre.

GOUTTE D’EAU DANS L’OCÉAN

Plus de 75 % des revenus des oeuvres de bienfaisan­ce, en 2013, provenaien­t de subvention­s du gouverneme­nt. Les dons des particulie­rs et des fondations représenta­ient 4 %, dont 1,8 % de la part de fondations.

« C’est une goutte d’eau par rapport à l’ensemble du financemen­t », analyse-t-il.

Il s’avère que les fondations privées investisse­nt davantage en éducation, alors que les fondations publiques soutiennen­t plus la santé. À l’heure du développem­ent durable, l’environnem­ent reçoit à peine 1 % des dons.

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