Champion d’haltérophilie à 84 ans
Marcel Perron participera aux Championnats canadiens des maîtres en haltérophilie ce week-end, à Montréal. Il vise 80 kg à l’épaulé-jeté et 60 kg à l’arraché. « Je ne veux rien savoir de la retraite », dit-il.
Marcel Perron a 84 ans. Le « maître » haltérophile se dédie à sa pratique depuis plus de 50 ans. Ce week-end à Montréal, il participera aux Championnats canadiens des maîtres en haltérophilie. Le doyen du sport ne s’y contentera pas d’une médaille d’or.
« Je n’ai pas beaucoup de compétitions chez les 80 ans et plus… ils ne s’entraînent pas assez fort pour me battre », dit Marcel Perron.
« Après les Championnats canadiens, je vais aller en Gaspésie m’improviser un petit camp d’entraînement avec un club local », ajoute l’athlète de Rosemont. Il n’est pas question pour ce dernier d’en profiter pour se bercer en regardant le fleuve. À 84 ans, Marcel Perron s’entraîne toujours une dizaine d’heures par semaine en visant la performance.
On se rencontre au local d’haltérophilie du Progym, dans le quartier HochelagaMaisonneuve. Il y peaufine son art, la plupart du temps seul.
L’HALTÉROPHILIE D’ABORD
De l’autre côté de la vitre, une foule variée s’entraîne sur les diverses machines spécialisées du centre d’entraînement. Beaucoup connaissent Marcel Perron, à force de côtoyer l’octogénaire au gym, où il déjeune et dîne quelques fois par semaine.
« Une fois, un jeune m’a demandé combien je benchais (développé couché). Je lui ai répondu que je dors la nuit et que je ne vais pas au gym pour aller me coucher ! », raconte le personnage coloré en riant. Tout l’entraînement de Marcel Perron tourne autour des deux mouvements de l’haltérophilie : l’épaulé-jeté et l’arraché.
« La grosseur des bras et de la poitrine, ça ne compte pas. Je ne suis pas un monsieur muscles. Je veux juste soulever la charge la plus pesante possible », explique l’homme de 84 ans. Aux Championnats canadiens, il vise 80 kilos à l’épaulé-jeté et 60 kilos à l’arraché.
« Plus jeune, j’étais capable du double. J’ai perdu 50 % de mes capacités en 40 ans », ajoute l’athlète.
« Dans 40 ans, il ne me restera plus grand-chose », blague celui qui a 10 records canadiens au compteur.
L’ÉQUIPE NATIONALE
Marcel Perron a fait partie de l’équipe nationale d’haltérophilie entre 1971 et 1975.
« Puis, j’ai tout lâché, parce qu’il y avait toujours des meilleurs que moi », explique celui qui ne se qualifie pas de bon technicien dans ce sport pourtant très technique.
« J’ai couru des marathons pendant sept ans avant de découvrir qu’il y avait des compétitions pour les athlètes masters », raconte Marcel Perron. Cela s’est avéré une véritable révélation pour l’haltérophile, sur qui le temps semble avoir moins d’emprise que chez ses concurrents.
« GRAND MAÎTRE »
À moins d’une contre-performance étonnante, Marcel Perron est pratiquement toujours assuré de la médaille d’or en compétition dans sa catégorie d’âge.
« Ce que je vise surtout, c’est le Grand Master, un honneur qui prend en compte les charges soulevées à l’arraché et à l’épaulé-jeté, pondérées par un coefficient considérant le poids corporel de l’athlète et son âge », explique Marcel Perron. Le coefficient – la formule Sinclair Meltzer-Faber – établit le « grand maître », c’est-à-dire celui qui lève la plus lourde charge compte tenu de son poids et de son âge.
Marcel Perron est le Grand Master mondial depuis quatre ans, selon cette formule. Outre son dévouement et ses nombreuses années d’expérience, Marcel Perron s’explique mal son succès.
« Je prends des douches très froides après les entraînements et je consomme beaucoup de miel de sarrasin », émet-il comme hypothèse.
« C’est un athlète russe qui m’a parlé du miel. Il me racontait leurs entraînements un peu fous. Ils se garrochent des poids! J’ai jamais voulu essayer ça, mais j’ai adopté le miel », raconte Marcel Perron, tout sourire. Il précise immédiatement que les soupers santé préparés par sa colocataire doivent aussi y être pour quelque chose.
ET LA SUITE ?
« Je ne veux rien savoir de la retraite », dit l’athlète de 84 ans. Une compétition à la fois. Les Championnats canadiens d’abord. L’été prochain se dérouleront à Gaspé les Championnats panaméricains maîtres d’haltérophilie. Peut-être alors Marcel Perron se bercera-t-il en regardant le fleuve… entre deux épreuves.