Approche prudente
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Le conclave libéral aura été ardu, mais la fumée blanche a fini par apparaître par la cheminée de l’Assemblée nationale. La ministre Charlebois a présenté son projet de loi très attendu pour encadrer le cannabis.
Cadeau de Grec de Justin Trudeau, on perçoit que ça ne fait pas plaisir au gouvernement du Québec de devoir gérer la légalisation du pot. L’approche prudente et mesurée qu’on a choisi d’adopter en témoigne.
CARTEL DU CANNABIS ?
On avait envisagé de confier la distribution au privé ; on opte finalement pour la création d’une filiale de la SAQ destinée à cette tâche. Le projet de loi fédéral permettait de cultiver quelques plants de marijuana à des fins personnelles ; la loi québécoise l’interdira.
Le risque, avec cette façon de faire, c’est de favoriser quelques très gros joueurs, proches des partis au pouvoir et bien organisés en lobbies. Aura-t-on droit à une commission d’enquête sur le cartel du cannabis dans quelques années ?
LE VRAI COMBAT
L’aspect où le gouvernement se montre plus libertaire, c’est en permettant la consommation à partir de 18 ans, contre l’avis des autorités médicales qui auraient fixé la limite à 21 ans. C’est notamment pour éviter l’obstruction de la CAQ, qui se rangeait de ce côté, que les libéraux ont appuyé sa motion réclamant un délai d’un an pour l’entrée en vigueur.
Or, ce n’est pas là le vrai combat, face à Ottawa. Le fédéral veut s’arroger la moitié des revenus qui seront générés par la vente du cannabis, alors que ce sont les provinces qui devront absorber les retombées négatives.
Coloré, le ministre des Finances de l’Alberta a commenté qu’à Ottawa, on devait sûrement consommer la substance qu’on s’apprête à légaliser. Un front commun se dessine et Québec doit y participer.
Décidément, la fumée blanche sera très présente dans nos débats politiques des mois à venir.