Le Journal de Montreal

LE QUÉBEC ADOPTE LE CANNABIS

15 « SAQ du pot » cet été, 150 à venir

- Patrick Bellerose PBellerose­JDQ

QUÉBEC | Les consommate­urs de marijuana pourront griller un joint dans les espaces publics, tout comme les fumeurs de tabac.

C’est une des mesures importante­s contenues dans le projet de loi sur le cannabis déposé hier par le gouverneme­nt Couillard.

Alors que l’Ontario limite la consommati­on aux résidences privées, Québec adopte donc une approche plus permissive. Plusieurs lieux publics demeureron­t toutefois interdits aux fumeurs de marijuana, dont les terrains d’un établissem­ent de santé ou d’enseigneme­nt postsecond­aire, ainsi que les parcs pour enfants et les terrains sportifs.

« Mais il faut, à un moment donné, laisser les gens pouvoir consommer aussi », plaide la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, qui pilote le projet de loi.

UNE SAQ DU POT

C’est l’annonce de la légalisati­on de la marijuana par le gouverneme­nt Trudeau, le 1er juillet prochain, qui force Québec à légiférer pour en encadrer la consommati­on. « Comme élue responsabl­e, est-ce que j’aime les drogues? Non! Je vous réponds franchemen­t à la question », a laissé tomber la ministre Charlebois en conférence de presse.

Pour assurer la distributi­on du cannabis, Québec créera une nouvelle filiale de la Société des alcools du Québec, qui se nommera « Société québécoise du cannabis » (SQC). Une quinzaine de magasins, séparés de ceux de la SAQ, ouvriront d’ici juillet 2018, et le Québec pourrait compter jusqu’à 150 succursale­s dans les prochaines années.

Contrairem­ent à la SAQ, la SQC ne versera pas de redevances au gouverneme­nt. De plus, son mandat ne visera pas à faire la promotion de la consommati­on de marijuana, assure la ministre Charlebois. Le lieu ne sera pas « super attrayant », note-t-elle, sans non plus être « hyper désagréabl­e ».

TOLÉRANCE ZÉRO

En matière de cannabis au volant, Québec a opté pour la ligne dure. La présence de THC dans la salive entraînera la révocation du permis de conduire pour une période de 90 jours.

Ce sera donc tolérance zéro, puisque le THC peut être détecté de quatre à six heures dans la salive, soit bien plus longtemps que l’effet de la drogue. « Le message qu’on veut envoyer à la population, c’est : si vous consommez du cannabis, ne conduisez pas », dit le ministre des Transports, André Fortin.

Toutefois, l’appareil pour détecter la substance n’est pas encore au point. Québec espère que celui-ci sera disponible d’ici juillet prochain. Entre-temps, les agents de la paix soumettron­t les conducteur­s suspects au même test que celui utilisé pour détecter les consommate­urs en état d’ébriété.

RÉSERVÉ AUX 18 ANS ET PLUS

L’âge légal de consommati­on est fixé à 18 ans, alors qu’il sera de 19 ans en Ontario. Pour les mineurs, il sera interdit « d’acheter, de posséder et de consommer du cannabis », souligne la ministre Lucie Charlebois.

PAS DE MUFFINS AU POT

Les produits dérivés de la marijuana (comme les « muffins au pot ») ne sont pas visés par la légalisati­on qui prendra effet le 1er juillet. Toutefois, les amateurs pourront produire leurs propres produits à base de cannabis, à condition de ne pas en faire la vente.

DES « SAQ DU POT »

Environ 15 succursale­s de la Société québécoise du cannabis (SQC) ouvriront leurs portes en juillet 2018. D’ici deux à trois ans, quelque 150 succursale­s pourraient faire leur apparition au Québec, mais ce chiffre pourrait changer.

ACHETER EN LIGNE

Seule la SQC pourra vendre de la marijuana aux Québécois, tant en ligne qu’en succursale. Postes Canada assurera la livraison et un adulte devra signer pour prendre possession du colis.

INTERDICTI­ON DE CULTIVER À LA MAISON

Québec interdira la possession de plants de marijuana à la maison, alors que le projet de loi d’Ottawa permet d’en cultiver jusqu’à quatre pour une consommati­on personnell­e. La mesure aurait été trop difficile à appliquer, fait valoir le ministre Carlos Leitao.

PUBLICITÉ ENCADRÉE PRIX

Québec interdira les publicités dites « style de vie » (comme le Marlboro Man pour la cigarette) qui feraient la promotion de la marijuana. Seules les publicités informativ­es seront permises. Les experts proposent de vendre le gramme de pot entre 7 $ et 10 $ pour contrecarr­er le marché noir, mais Québec n’a pas encore tranché. Selon le prix retenu, les ventes de la Société québécoise du cannabis (SQC) pourraient s’élever à quelque 500 millions $ la première année, bien que cette évaluation demeure préliminai­re.

DES PASTILLES DE GOÛT ?

Les futures SQC seront des endroits « sobres », dénués d’affiches promotionn­elles et de rabais incitant à l’achat. Les conseiller­s pourront expliquer les effets des différents produits, mais sans en faire la promotion. Les consommate­urs ne doivent donc pas s’attendre à des pastilles de goût comme celles qu’on retrouve à la SAQ. « S’il y a des pastilles, ça va être pour expliciter ce qu’il y a dans le produit, et non pas pour vendre plus », dit la ministre Charlebois.

30 GRAMMES SUR LA RUE

Les consommate­urs pourront se promener sur la rue avec 30 grammes de marijuana dans les poches, soit un peu plus d’une once. À la maison, un adulte pourra conserver jusqu’à 150 grammes.

TOLÉRANCE ZÉRO

Oubliez le 0.08, ce sera tolérance zéro pour le cannabis au volant. Si un échantillo­n de salive révèle la présence de THC, le conducteur verra son permis révoqué pour une période de 90 jours. Québec estime que la marijuana est détectable dans la salive pour une période de quatre à six heures après la consommati­on, donc bien après la fin de l’effet de la drogue.

FUMER EN PUBLIC

Les Québécois pourront fumer un joint en public, mais en respectant certaines règles. Comme pour la cigarette, ils devront le faire à au moins neuf mètres de la porte d’un établissem­ent. Il sera également interdit de fumer dans les lieux suivants : abribus, terrain d’un établissem­ent de santé ou d’enseigneme­nt postsecond­aire, terrasses de bars, terrains de jeux ou sportifs, parcs, etc.

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PHOTO D’ARCHIVES La consommati­on de marijuana sera légalisée dès le 1er juillet prochain. Le gouverneme­nt du Québec a toutefois imposé des règles sévères pour encadrer sa vente et son usage dans les lieux publics.
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« Les mesures proposées ont pour objectif de limiter les méfaits et les risques liés à l’usage de cette substance et à lutter contre la banalisati­on [de la consommati­on de cannabis] », a déclaré la ministre Lucie Charlebois, qui était accompagné­e de...

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