Une nomination au CN sème le doute pour le pont de Québec
OTTAWA | La récente embauche de l’ex-chef de cabinet du ministre Jean-Yves Duclos comme directrice des affaires publiques au CN soulève des questions éthiques relativement au dossier du pont de Québec, selon des experts.
Josée Duplessis, ancienne conseillère municipale et présidente du comité exécutif à Montréal, a été chef cabinet du ministre Duclos, élu fédéral de Québec, de janvier 2016 à juillet 2017. Le même mois où elle a quitté son poste, Mme Duplessis a commencé au CN, selon son profil LinkedIn.
Ottawa est actuellement en négociations avec le CN pour le rachat du pont de Québec. Bien qu’il soit ministre de la Famille, Jean-Yves Duclos est le principal porte-voix du gouvernement dans ce dossier à titre de député local et il fait partie du comité des priorités du cabinet Trudeau, c’est-à-dire le cercle restreint des ministres supérieurs où sont discutés tous les grands enjeux.
Dans le cadre de ses fonctions, Mme Duplessis a vraisemblablement eu accès à tous les détails de la stratégie de négociation du fédéral, d’après plusieurs experts.
ACCÈS À TOUT
« En principe, le chef de cabinet a accès à tout ce que le ministre fait. Donc, si le ministre siège au comité des priorités, il a vu passer tous les dossiers importants », a expliqué le professeur de politique à l’UQAM et ancien conseiller de Lucien Bouchard, Michel Sarra-Bournet.
Au registre des lobbyistes, on peut d’ailleurs voir que Josée Duplessis faisait partie des personnes désignées, en février dernier, dans les représentations de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec auprès du ministre Duclos au sujet du pont de Québec.
La situation laisse voir des risques de conflit d’intérêts, selon le professeur de politique à l’Université de Sherbrooke, Emmanuel Choquette.
« La population est en droit de s’interroger sur la légitimité des négociations en cours. La décision finale dans ce dossier servira-t-elle l’intérêt public ou l’intérêt privé ? » demande le spécialiste.
Le cabinet de M. Duclos a précisé que le dossier du pont de Québec ne relevait pas de son ministère et que Josée Duplessis n’avait pas autorité sur la question. Le ministère des Infrastructures et celui des Transports ont renvoyé l’Agence QMI au cabinet du ministre Duclos. Mme Duplessis n’a pas rendu nos appels.
Le CN fait valoir que la commissaire à l’éthique a approuvé ce nouvel emploi et qu’elle travaille avec les paliers provincial et municipal. Le bureau de la commissaire a indiqué que Josée Duplessis ne faisait pas l’objet d’une enquête.
— Avec Émilie Bergeron