Folles politiques américaines
La politique américaine est-elle en train de devenir folle ? Non seulement le gouvernement de Donald Trump est-il en train de se couper de ses alliés, mais en plus, il travaille contre les intérêts de la majeure partie de sa population.
Les États-Unis sont de plus en plus seuls en matière climatique, dans les négociations sur les accords de libreéchange, dans les accords avec l’Iran, dans leurs relations avec la Russie, etc.
À l’interne, la réforme fiscale que proposent les républicains va creuser le fossé entre les riches, en particulier les milliardaires, et tous les autres Américains. Les injustices sociales qui en découleront risquent de rendre le pays de plus en plus difficile à gouverner. Quelles sont les réformes fiscales demandées par les républicains ? Les républicains ont deux projets de loi sur le feu. Un qui passe par le Sénat et un qui passe par la Chambre des représentants. À peu de choses près, les deux projets sont similaires. Ils proposent tous les deux des baisses d’impôt substantielles pour les riches et pour les entreprises. Par exemple, les impôts des compagnies américaines passeraient de 35 % à 20 %, et ce, de manière permanente. Les impôts des particuliers seraient diversement coupés pour à peu près tout le monde, mais seulement jusqu’en 2025. Le seuil minimal d’imposition passerait de 6500 $ à 12 000 $ pour les personnes seules. Quels sont les avantages de cette réforme fiscale ? Les actionnaires des compagnies américaines sont enchantés. Ils se pourlèchent les babines à l’idée que les baisses d’impôts impliqueraient des dividendes plus élevés pour eux. Les bourses américaines ont d’ailleurs anticipé une partie de cette manne et la valeur des actions a explosé depuis que Donald Trump a pris le pouvoir. Quels sont les désavantages de cette réforme ? Du strict point de vue économique, une baisse massive des impôts, lorsque l’économie roule bien, est un cadeau empoisonné. Cette baisse des impôts augmente substantiellement le montant de la dette. Elle risque aussi de faire augmenter l’inflation et les taux d’intérêt. Mais surtout, elle diminue les capacités de redistribution de la richesse du gouvernement, puisque le gouvernement reçoit moins d’argent. Or, c’est probablement là que le bât blesse le plus. Les inégalités sociales aux États-Unis ont atteint des sommets qui ne s’étaient jamais vus depuis les années vingt, juste avant le grand krach boursier de 1929. À l’époque, les ÉtatsUnis avaient été plongés dans de graves crises sociales qui auraient facilement pu déboucher sur une révolution si les politiques du New Deal n’avaient pas été appliquées. Il faut rappeler que le New Deal, en plus de créer des filets sociaux et de donner de nouveaux droits aux travailleurs, avait augmenté les impôts des plus riches jusqu’à 80 % de leurs revenus. Les républicains vont-ils parvenir à faire passer leur réforme fiscale ? Bien malin qui peut le prédire. Quelques sénateurs républicains s’opposent déjà à la réforme. Or, les républicains ne disposent que d’une mince majorité de deux voix au sénat. Mais d’autre part, les bonzes du parti républicain redoutent qu’un échec de la réforme fiscale fasse fuir hors du parti les partisans d’extrême droite, en particulier ceux du Tea Party. Quel est le pire scénario pour les républicains ? Dans le pire scénario, les adeptes du Tea Party fonderaient leur propre parti politique, ce qui garantirait le pouvoir aux démocrates pour les décennies à venir.