Le Journal de Montreal

Mugabe refuse de céder aux militaires et de démissionn­er

Le président zimbabwéen de 93 ans placé en résidence surveillée par l’armée

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HARARE | (AFP) Le président Robert Mugabe a catégoriqu­ement refusé hier de renoncer au pouvoir sans partage qu’il exerce depuis 37 ans à la tête du Zimbabwe, au cours de discussion­s avec l’armée qui a pris le contrôle de la capitale Harare.

Placé en résidence surveillée dans la nuit de mardi à mercredi, le chef de l’État, 93 ans, a rencontré pour la première fois hier après-midi le chef de l’armée, le général Constantin­o Chiwenga, au siège de la présidence à Harare, a rapporté une source proche des militaires.

« Ils se sont rencontrés aujourd’hui. Il a refusé de démissionn­er, je pense qu’il essaie de gagner du temps », a déclaré cette source sous couvert de l’anonymat.

Deux ministres sud-africains dépêchés par le président Jacob Zuma ont également participé à la réunion, selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Pretoria qui n’a donné aucun détail sur la teneur de leurs discussion­s. Un prêtre catholique était présent lors de cette réunion, selon le site internet du quotidien gouverneme­ntal The Herald.

Des images diffusées par la télévision d’État après la rencontre ont montré le président Mugabe dans une veste bleu marine et un pantalon gris au côté du général Chiwenga, tout sourire dans son treillis.

Selon la télévision, M. Mugabe pourrait participer aujourd’hui à une cérémonie de remise de diplômes à l’université, comme il l’avait fait par le passé. Si cela était confirmé, cela laisserait à penser que les conditions de sa résidence surveillée sont devenues moins strictes.

SUCCESSION

L’armée est intervenue quelques jours après l’éviction la semaine dernière du vice-président Emmerson Mnangagwa, qui s’était longuement opposé à la première dame Grace Mugabe pour la succession du président.

Vétéran de la lutte pour l’indépendan­ce et proche des militaires, M. Mnangagwa, 75 ans, faisait figure jusque-là de dauphin potentiel de M. Mugabe.

Des soldats et des blindés sont déployés depuis mercredi matin autour de plusieurs points stratégiqu­es de la capitale.

Un porte-parole des militaires, le général Sibusiyo Moyo, a expliqué que l’opération avait pour seules cibles les « criminels » qui entourent M. Mugabe, en clair les partisans de son épouse.

Ce coup de force de l’armée, l’un des piliers du régime, fait vaciller le règne du plus vieux dirigeant en exercice de la planète.

M. Mugabe avait annoncé son intention de briguer, malgré son âge et sa santé de plus en plus fragile, un nouveau mandat lors de l’élection présidenti­elle prévue en 2018.

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