Radio-Canada reçoit des plaintes
Le reportage du Téléjournal sur Gilbert Sicotte fortement critiqué
Radio-Canada a reçu plusieurs plaintes après avoir diffusé un reportage à propos d’allégations de harcèlement psychologique contre Gilbert Sicotte au Conservatoire d’art dramatique de Montréal.
Moins de 24 heures après avoir présenté le topo au Téléjournal avec Patrice Roy, l’ombudsman des Services français du diffuseur public avait reçu près d’une vingtaine de plaintes de téléspectateurs, soit un nombre « plus élevé que d’habitude ».
« Et ça rentre encore », a confirmé le bureau de l’ombudsman au Journal.
Les plaintes provenaient de personnes « mécontentes du traitement réservé à M. Sicotte », nous a-t-on précisé.
HUIT MINUTES
Mercredi soir, Radio-Canada a proposé un reportage de huit minutes dans lequel d’anciens étudiants en art dramatique accusaient l’acteur Gilbert Sicotte, professeur au Conservatoire depuis 25 ans, d’abus de pouvoir, dénigrement, violence verbale, harcèlement psychologique.
Devant la caméra, le comédien a ensuite été questionné sur ses méthodes d’enseignement. Le journaliste Louis-Philippe Ouimet lui a notamment demandé s’il avait déjà crié ou même sacré après ses étudiants.
LE DIFFUSEUR SE DÉFEND
Face aux critiques, le directeur général de l’information de Radio-Canada, Michel Cormier, a défendu la position du diffuseur, hier.
Dans un mot publié sur internet, M. Cormier a indiqué que Radio-Canada avait décidé de faire enquête après que plusieurs personnes eurent contacté le service de l’information pour « dénoncer ce qu’ils qualifiaient de comportement abusif » venant de Gilbert Sicotte.
« L’intérêt public est d’autant plus pertinent que le Conservatoire est une institution publique subventionnée par le gouver- nement, ce qui exige un niveau d’imputabilité important quant au climat dans lequel l’enseignement s’y déroule », a écrit M. Cormier.
« UNE INJUSTICE »
En réaction au reportage, le Conservatoire a décidé de suspendre Gilbert Sicotte.
Du côté des anciens étudiants de M. Sicotte ayant percé dans l’industrie après leur passage au Conservatoire, peu d’entre eux ont voulu répondre à nos questions. Ceux qui l’ont fait, sous le couvert de l’anonymat, ont parlé du comédien comme d’un être totalement engagé qui valorise le talent. Quant au reportage du Téléjournal, on nous a parlé d’« injustice totale ».
Diplômée du Conservatoire, Salomé Corbo a réagi au topo sur Twitter. « Et si au lieu de lyncher un homme, on lynchait le système ? Le problème de l’enseignement de l’art, c’est que ce n’est appuyé sur aucune pédagogie. Le métier se chargera d’infliger les blessures d’ego de toute façon, l’école devrait servir à forger autre chose. Non ? »