Un Bye Bye avant l’heure
Dans leur nouveau spectacle, Daniel Lemire et Pierre Verville proposent une véritable revue de l’actualité
L’information a toujours servi de carré de sable à Daniel Lemire et Pierre Verville. Et pour souligner plus de 30 ans d’amitié, au Théâtre Maisonneuve jeudi, les complices n’ont pas eu à chercher bien loin leur matière première. Un spectacle aux allures de Bye Bye, avec juste ce qu’il faut de mordant.
D’entrée de jeu, on a pris le taureau par les cornes et parlé des allégations d’inconduite sexuelle qui pèsent sur Gilbert Rozon et Éric Salvail. « Gilbert Rozon, il engageait du monde de sa famille. On appelait ça le clan Rozon. Puis, quand il était seul, on l’appelait le gland Rozon », a lâché Daniel Lemire.
« Éric Salvail, je ne voudrais pas être dans ses culottes », a-til poursuivi, tandis que Verville lui a rétorqué du tac au tac « lui non plus, il n’était pas souvent dedans ».
Puis, s’est ouvert le bulletin de Pierre Bruneau, qui a fait défiler une foule de sujets. Les indemnités qui tardent à arriver aux victimes des inondations. « J’ai du mal à comprendre que des gens qui viennent d’être inondés soient en manque de liquide », a dit l’assureur. Il a aussi été question de l’ancien coach du Canadien Michel Therrien au sujet du retour du baseball à Montréal, de Stephen Bronfman de la compagnie Seagram (ou Six grammes après la légalisation de la marijuana) et, inévitablement, des Paradise Papers.
DIGNE DE MENTION
Mention spéciale aux imitations de Verville en chansons, particulièrement les reprises de Paul Piché, Serge Fiori, Richard Desjardins, Robert Charlebois, survenues juste après la minute d’antenne de Justin Trudeau, « l’ami Facebook de tous les Canadiens et Canadiennes ».
Quant à Lemire, les dossiers de l’heure lui ont fait dépoussiérer ses personnages. Dans un numéro sur l’immigration, Yvon Travailler est revenu sur la crise des migrants. « L’été dernier, nous avons eu un petit débordement aux frontières. Le Stade olympique a même été transformé en bed and breakfast, a-t-il dit. Je suis très ouvert d’esprit, mais je ferme de bonne heure. »
LA CARTE INSPIRE
Un segment sur la SAQ a lui aussi été relevé. « La carte Inspire, qui fait sauver sa cenne du 100 piasses. Ramène 20 bouteilles vides, c’est pas mal plus payant », a laissé tomber Lemire, juste avant l’entracte. La légalisation de la marijuana a par ailleurs fait revenir sous les projecteurs le rockeur Ronnie Dubé, devenu, on l’aurait deviné, propriétaire du café Cannabis.
Ne manquait plus qu’oncle Georges, qui a laissé sa malice déferler sur Rambo Gauthier.
Tout au long de la soirée, les sketches ont repris leurs droits. La plupart ont été savoureux, dont ceux sur le G7 de Charlevoix et La Voix senior, une production des Résidences Soleil. Les gags, dans lesquels on a notamment fait évoluer Luc Plamondon, André Sauvé, Michel Tremblay et Claude Poirier, ont aussi produit leur effet.
Sympathique et parfois même léger, le spectacle qui sera présenté en supplémentaire samedi est juste assez corrosif pour respecter la limite du bon goût.