Le Journal de Montreal

Être un ex à seulement 30 ans

- MATTHIEU PAYEN

Se remettre d’une défaite est un défi pour tout le monde, mais quand vous avez 30 ans et que votre rêve de carrière politique s’effondre, le retour sur terre est violent.

Le 5 novembre dernier, Scott McKay n’a pas réussi son retour en politique, battu alors qu’il briguait un poste de conseiller municipal dans Rosemont-La-Petite-Patrie. Si l’ancien chef du Parti vert se dit déçu du résultat, il assure que ça n’a rien de comparable avec le traumatism­e qu’il a vécu lors de sa défaite en 1994.

Il avait alors 33 ans et venait d’achever deux mandats comme conseiller municipal sous le maire Jean Doré.

« Ça a été très difficile, se souvient-il. J’avais travaillé dur pendant huit ans et je me retrouvais sans rien. »

Choqué, il a entamé cette période sombre « sans manger pendant deux semaines », confie-t-il.

QUATRE ANS

La suite a été un défi pour Scott McKay qui a mis quatre ans à retrouver un emploi stable. « J’avais la certitude d’avoir vécu une expérience très riche en tant qu’élu, mais je me suis rendu compte que ces huit années étaient plutôt un trou dans mon CV », dit-il.

Alors qu’il aspirait à un poste de gestion en environnem­ent dans une municipali­té, c’est dans la vente qu’il a trouvé un débouché. « Un employeur a fait le lien entre ma carrière politique et ma compétence en relation publique. Et ça a marché », dit-il.

Ces difficulté­s n’ont pas empêché M. McKay de replonger en politique en devenant député du PQ en 2008. « Il faut croire que je n’avais pas compris », dit en riant celui qui a mis près d’un an à retrouver un emploi après sa défaite en 2014.

« ÉCHAUDÉE »

L’ancienne conseillèr­e municipale Christine Poulin n’a pas eu autant de difficulté à se replacer, mais elle aussi a bien ressenti le choc psychologi­que d’après défaite.

Originaire de la Beauce, elle a été élue sur le Plateau en 2001, à 31 ans. Quatre ans plus tard, tout s’arrête. « Les limites de mon district ont changé durant mon mandat et je n’ai pas réussi à me faire réélire », raconte-t-elle.

Bien qu’ayant adoré son expérience, Christine Poulin dit avoir été « échaudée » par cette défaite et ne s’est plus représenté­e en politique.

Après ce revers, elle s’est lancée dans des cours de droit et de religion. « J’ai étudié l’hindouisme, je suis même allée en Inde. C’est sûr que quand tu es rendu là, tu te cherches un peu », dit-elle.

Christine Poulin estime que le retour sur le marché du travail n’est pas simple pour les anciens élus. « On est un peu vus comme des princes ou des princesses », image-t-elle.

Pourtant, elle assure que ses compétence­s acquises durant son mandat lui servent encore comme présidente d’Immigation Élite, une entreprise qui accompagne des immigrants à s’installer au Canada.

« En tant qu’élue, j’ai appris à servir la population, et c’est touj ours ce que j e f ais » , dit- elle.

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PHOTOS COURTOISIE ET D’ARCHIVES

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