Le Journal de Montreal

Deuil difficile pour les ex-élus

Une ancienne mairesse crée une associatio­n pour aider les candidats défaits au municipal

- MATTHIEU PAYEN

L’ex-mairesse du Plateau Helen Fotopulos est partie à l’étranger après sa défaite en 2013 parce qu’elle n’était plus capable d’entendre parler de Montréal. Une épreuve difficile qu’elle souhaite éviter aux nouveaux ex-élus municipaux grâce à l’associatio­n qu’elle vient de fonder.

« J’étais sous le choc. » Helen Fotopulos venait d’apprendre que, pour 77 votes seulement, elle devait mettre derrière elle 25 années de carrière en politique municipale. C’était en novembre 2013, elle avait 61 ans. Pour celle qui avait été conseillèr­e politique du maire Jean Doré, puis conseillèr­e municipale, mairesse du Plateau et enfin membre du comité exécutif, la déception était énorme.

« Diriger, consulter, prendre des décisions, c’était mon quotidien, dit- elle. S’exprimer publiqueme­nt sur tout un tas de sujets aussi, c’est une drogue. Quand on ne peut plus le faire, on ressent un manque important. »

Un manque qui n’est pas simple à comprendre, même pour les proches.

« Ma fille a vite compris ma douleur émotionnel­le, mais pas mon mari. Il me disait de faire autre chose, mais on était juste avant Noël, je n’étais pas bien », dit l’ancienne élue.

Suivant les conseils de proches, elle se met aux travaux physiques. « Je suis allée couper du bois chez ma soeur, puis j’ai fait du jardinage et j’ai repeint un mur entier chez moi. Ce sont des choses simples que je sais faire, mais la vie politique est tellement prenante que je n’avais jamais le temps de m’y mettre », dit-elle.

En fin de compte, l’ancienne élue y a gagné un peu de sérénité et un bon mal de dos.

PAS DE RÉSEAU

Ce que Mme Fotopulos a beaucoup regretté dans les mois qui ont suivi sa défaite, c’est l’absence de contact avec les autres anciens élus. Il n’existe pas de registre des anciens élus, explique celle qui, pour y remédier, vient de fonder la première Associatio­n québécoise des anciennes élues et anciens élus municipaux (voir autre texte).

Les candidats défaits ne sont pas invités à l’assermenta­tion des nouveaux conseiller­s et maires, pas plus qu’aux événements institutio­nnels. Helen Fotopulos a toutefois pu remettre les pieds à l’hôtel de ville quelques fois, lors de cérémonies en l’honneur de la communauté grecque, notamment.

Elle raconte que, lors d’une de ces cérémonies, le maire Denis Coderre était venu la voir pour lui demander pourquoi elle ne venait pas plus souvent aux événements organisés par la Ville. « Je lui ai répondu que je n’étais pas inscrite au protocole, et donc je n’étais pas invitée », dit-elle.

Devant ce manque de considérat­ion, l’ancienne élue a commencé à nourrir une aversion pour Montréal, la ville qu’elle dit pourtant tant aimer.

À L’ÉTRANGER

Sur les conseils de son amie et ex-conseillèr­e municipale Christine Poulin, Helen Fotopulos s’est engagée comme observatri­ce internatio­nale, au sein de l’organisme CANADEM. De 2014 à 2016, elle a sillonné la planète pour suivre des élections en Ukraine, en Moldavie et au Ghana.

« Ça a été une excellente thérapie, dit-elle. C’était parfait pour moi parce que ça me permettait de garder un pied dans le monde politique, mais non partisane. Et puis je parle russe, anglais et français, ça aide beaucoup. »

L’ancienne élue est revenue enchantée de son expérience internatio­nale qu’elle recommande à ses anciens collègues. « Beaucoup d’ex-élus au fédéral et au provincial font ce genre de travail parce qu’ils ont une bonne connaissan­ce des rouages électoraux, mais nous avons aussi cette compétence au municipal. »

Et c’est en racontant son expérience à plusieurs personnes encore impliquées en politique, dont la mairesse de Sainte-Julie Suzanne Roy, qu’Helen Fotopulos s’est mise à imaginer la création d’une associatio­n d’anciens élus municipaux.

« Les besoins sont là parce que je ne suis pas la seule ex-élue municipale à avoir ressenti de la frustratio­n après mon mandat. »

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PHOTO CHANTAL POIRIER Quatre ans après sa défaite aux élections, Helen Fotopulos affirme ne plus ressentir de manque lorsqu’elle vient à l’hôtel de ville de Montréal

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