Le Journal de Montreal

Le pot doit être caché dans un coffre-fort

- ÉRIC THIBAULT

La production de cannabis thérapeuti­que est « fortement réglementé­e » par Santé Canada, qui impose un important train de mesures de sécurité à quiconque souhaite s’y lancer.

Dans sa décision rejetant la poursuite de 1,2 million $ d’un entreprene­ur contre la firme THC, le juge Pierre Isabelle a résumé certaines des exigences que Santé Canada aurait formulées à cette entreprise de Gatineau dès 2013.

Ainsi, les locaux de production devaient obligatoir­ement renfermer « une “voûte” de 300 pieds cubes » munie d’une « porte de type coffrefort » , présumémen­t pour y stocker les réserves de cannabis à l’abri du vol.

La bâtisse devait être clôturée et munie de caméras de surveillan­ce. Les fenêtres du local devaient être « obturées ». THC avait spécifié au propriétai­re de l’entrepôt qu’elle envisageai­t de louer que le bâtiment devait avoir des « murs extérieurs en béton ».

FONCTIONNA­IRES À L’ABRI

Au procès opposant THC et Delta Électrique, le directeur des opérations de Santé Canada, Benoit Séguin, a également témoigné qu’il était « préférable que toutes les mesures de sécurité requises pour l’émission d’une licence soient en place » avant que le ministère procède à une inspection des lieux et décide ou non de délivrer le permis.

M. Séguin a ajouté que, pour les cultivateu­rs de pot en quête d’une telle licence, « il n’existe aucune façon de communique­r directemen­t par téléphone avec des intervenan­ts ou de négocier avec eux en raison des mesures de sécurité mises en place pour protéger les employés de Santé Canada ».

Ce témoin a aussi précisé que Santé Canada allait recevoir 1600 demandes de licence « de partout au pays » pour ce type de permis et que le processus de sélection pouvait être long.

Une cinquantai­ne de postulants ont depuis reçu leur permis de production, dont deux au Québec : Hydropothe­cary à Gatineau et Aurora Cannabis à Pointe-Claire.

Par ailleurs, dans le jugement du juge Isabelle, on relate que les dirigeants de THC, Sébastien St-Louis et son beaufrère Adam Miron, qui fut directeur national des Jeunes libéraux du Canada, ont essuyé un refus de la Ville de Gatineau, réticente à autoriser la production de pot dans un de ses secteurs industriel­s.

La Ville avait fini par délivrer un permis d’affaires à la firme prévoyant qu’elle ne pourrait produire plus de 300 kg de pot par année et que ce cannabis devrait servir « en exclusivit­é à la recherche et au développem­ent de ce produit ». La firme a décidé de s’établir en zone agricole, à Masson-Angers.

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