Le Journal de Montreal

La fin d’un « bad trip » pour un gros producteur de pot

La firme gatinoise THC blanchie d’une poursuite de 1,2 million $

- ÉRIC THIBAULT

« SANTÉ CANADA AVAIT REÇU PRÈS DE 1600 DEMANDES DE PARTOUT AU CANADA EN AVRIL 2017, ET UNE SEULE LICENCE AVAIT ÉTÉ ACCORDÉE POUR L’ENSEMBLE DU QUÉBEC [...]. » – Le juge Pierre Isabelle, de la Cour supérieure, qui a tranché le litige opposant la firme THC à un entreprene­ur de Gatineau

Le plus gros producteur de pot légal au Québec vient de se sortir d’un bad trip judiciaire remontant à ses débuts dans l’industrie canadienne du joint thérapeuti­que.

À la faveur d’un récent jugement de la Cour supérieure, l’entreprise The Hydropothe­cary Corporatio­n (THC) et ses dirigeants, Sébastien St-Louis et Adam Miron, n’auront pas à payer une réclamatio­n de 1,2 million $ à un entreprene­ur de Gatineau qui croyait détenir une entente valide avec eux afin d’abriter les serres de THC dans un de ses entrepôts.

En 2013, Ottawa a revu sa réglementa­tion encadrant la production de cannabis thérapeuti­que. THC était loin de la société par actions cotée en bourse qu’elle est devenue le printemps dernier, d’après la décision du juge Pierre Isabelle rendue le 7 novembre dernier.

PENSER À LOUER

En juillet 2013, l’entreprise partait de zéro et l’un de ses cofondateu­rs, le défendeur Sébastien St-Louis, a manifesté son intérêt de louer un local au propriétai­re de Delta Électrique, Charles Gauthier, rue Bombardier, en vue d’y installer une éventuelle plantation. Les parties ont entamé des pourparler­s visant la signature d’un bail de 10 ans qui aurait coûté trois quarts de million de dollars à THC.

À ce moment- là, THC espérait que Santé Canada allait lui octroyer sa licence de production au plus tard en janvier 2014. Mais à l’automne 2014, le ministère n’avait toujours pas terminé son enquête de sécurité auprès des postulants, soit la deuxième des cinq étapes d’un long processus d’autorisati­on.

Les relations entre THC et Delta Électrique se sont envenimées. Même si aucun bail n’a été signé, cette dernière estimait que THC ne respectait pas « ses obligation­s ».

FINIR PAR ACHETER

En novembre 2014, THC a fini par acheter, pour 2,4 M$, la seule entreprise québécoise qui détenait alors le permis fédéral qu’elle convoitait : Botanix-Aux Jardins de la Pointe. Ce centre de jardinage avait déjà des serres où il produisait des fleurs depuis 1985 avant de cultiver du pot, dans le secteur Masson-Angers à Gatineau.

Contrairem­ent à ce que plaidait le demandeur, le juge a conclu que l’offre de location qui liait celui-ci à THC a toujours été « conditionn­elle » au permis de Santé Canada. La Cour a estimé que les défendeurs n’ont pas agi de mauvaise foi.

THC (rebaptisée « société Hydropothe­cary ») est la seule firme autorisée au Québec à produire et distribuer du cannabis en toute légalité. Quand la légalisati­on du pot par le gouverneme­nt Trudeau sera chose faite en juillet 2018, THC sera le plus important producteur au pays après la constructi­on d’une nouvelle serre qui lui permettra de produire 25 000 kg de pot par an.

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PHOTO D’ARCHIVES Un aperçu des quelque 4000 kg de marijuana cultivés en 2017 par la société Hydropothe­cary dans des serres à Gatineau.
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PHOTO D’ARCHIVES Sébastien St-Louis et Adam Miron, dirigeants de la société Hydropothe­cary.

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