Le Journal de Montreal

Le dernier combat d’un médecin

Atteint d’une grave maladie, Dr Canuel prête son corps à la science dans l’espoir de trouver un traitement

- ELISA CLOUTIER

QUÉBEC | Atteint de la sclérose latérale amyotrophi­que (SLA), un médecin de Québec s’engage dans son plus grand et dernier combat en prêtant son corps à la science dans l’espoir de trouver un traitement à cette maladie dégénérati­ve qui reste incurable et qui fait face à un manque criant d’investisse­ments, selon lui.

« Ce n’est pas assez médiatisé puisque les gens meurent tellement rapidement », dit le Dr Jean-Pierre Canuel, qui se bat désormais contre son pire ennemi, le temps. Depuis l’épisode du Ice Bucket Challenge, la cause a sombré dans l’oubli, selon lui.

Malgré tout, le médecin, qui s’est autodiagno­stiqué en 2014, participe à un sixième projet de recherche à la clinique SLA du CHU de Québec, à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. « Je ferai de la recherche tant que ce sera possible, mais mon espérance de vie est presque dépassée, je suis chanceux d’être encore en vie » , indique avec résilience le médecin de 57 ans, maintenant retraité en raison de la maladie.

TRAITEMENT EXPÉRIMENT­AL

Il teste un traitement expériment­al à base de racines de plantes indiennes découvert par un chercheur de Québec qui a obtenu des résultats positifs sur des souris. Il devrait aussi tenter le Pimozide, médicament utilisé depuis 50 ans pour traiter la schizophré­nie, malgré les effets secondaire­s importants qu’il pourrait entraîner, dont « un malaise généralisé du patient ».

Des scientifiq­ues du centre de recherche du Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal ont récemment découvert qu’il pourrait ralentir la maladie. « Ça ne me dérange pas qu’il y ait des effets secondaire­s, de toute façon je suis fini, aussi bien faire de la recherche », dit Dr Canuel, qui a perdu l’usage partiel de ses jambes, de ses bras et de ses capacités verbomotri­ces.

UN DIAGNOSTIC À TRAVERS LA PEAU

À ce jour, il est impossible de diagnostiq­uer la maladie par le sang. Néanmoins, les chercheurs et professeur­s François Gros- Louis et Nicolas Dupré ont découvert la présence de la SLA dans la peau.

« On s’est aperçu que, chez les personnes atteintes, une protéine se trouvait ailleurs qu’au noyau de la cellule, où elle doit être » , explique le Dr Gros- Louis, précisant que ces biomarqueu­rs étaient auparavant découverts uniquement lors de l’autopsie. Cette méthode de diagnostic pourrait même se faire grâce à une prise de sang, si les recherches se concrétise­nt.

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, STEVENS LEBLANC Le docteur Jean-Pierre Canuel s’est autodiagno­stiqué porteur de la SLA en 2014.

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