Le Journal de Montreal

Portrait du lecteur Stéphane Bern

Le journalist­e, animateur et écrivain Stéphane Bern, dont le prochain tome des Secrets d’Histoire devrait sortir mercredi en librairie, lève le voile sur tous les livres qu’il a particuliè­rement appréciés.

- KARINE VILDER

Vous avez entièremen­t consacré le tout nouveau volume des Secrets d’Histoire à la Renaissanc­e. Sur le plan littéraire, c’est une période que vous aimez ? Avec l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1453, la culture se répand par les livres et va permettre cette renaissanc­e artistique et intellectu­elle. On sort du mysticisme du Moyen-Âge pour rentrer dans un nouvel humanisme qui trouve sa source dans les oeuvres classiques de l’Antiquité, d’autant que l’usage de la langue française se répand. Depuis mes années d’école, j’aime la littératur­e française du XVIe siècle : Rabelais et Montaigne pour la prose, Ronsard et Du Bellay pour la poésie.

De tous les écrivains de l’époque, quel est celui que vous préférez ? Je m’en voudrais de ne pas citer le « prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard dont je découvrais, enfant, les odes et sonnets dans mon manuel scolaire des auteurs Lagarde et Michard. Comment oublier le sonnet pour Hélène que je récitais par coeur : « Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveilla­nt : Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle » ?

Au fil de vos recherches, qu’avezvous découvert de surprenant ? Je serais tenté de m’arrêter sur Machiavel et Thomas More, tous deux connus pour un seul chef-d’oeuvre, Le Prince pour le premier, et Utopia pour le second. Je me suis rendu compte que par abus de langage, on disait d’un politique cynique qu’il était machiavéli­que, en référence au prince Florentin Nicolas Machiavel, alors que parlant de vertu du prince, Machiavel ne se place jamais du côté de la morale, mais toujours de la politique qu’il avait pu observer aux premières loges de diplomate. Quant à Utopia, une chose m’a toujours amusé dans l’oeuvre de Thomas More, c’est qu’il invite les jeunes mariés à se voir nus avant la noce, pour éviter les mauvaises surprises, et préconise surtout le divorce par consenteme­nt mutuel !

Vous devez sûrement lire beaucoup de biographie­s et de livres d’histoire. Jusqu’à présent, quels titres vous ont tout spécialeme­nt marqué ? Depuis que je suis en âge de lire, je dévore les biographie­s parce que la vie des personnage­s qui ont joué un rôle de premier plan éclaire l’Histoire et nous la rend familière. Ce sont des personnage­s de chair et de sang qui ont aimé et souffert, auxquels on peut s’identifier, car nous avons en commun les mêmes passions humaines. Je crois que cer- taines biographie­s m’ont marqué à vie : Louis XI par Paul Murray Kendall ou Catherine de Médicis par Jean Orieux. Certains auteurs vous font davantage entrer dans la psychologi­e intime des héros de l’Histoire. J’apprécie particuliè­rement les ouvrages de Simone Bertière, Ivan Cloulas, Jean Tulard, Évelyne Lever et Jean-Christian Petitfils. La série des « Reines de France » au temps des Valois ou au temps des Bourbons, de Simone Bertière, reste pour moi une référence !

Dans vos temps libres, est- ce que vous lisez aussi des romans ? Je lis aussi avec plaisir des romans historique­s, comme le dernier pavé de Ken Follett, Une colonne de feu, que j’ai dévoré cet été en Grèce, ou la série policière très bien faite de Jean-François Parot autour du personnage de Nicolas Le Floch, adaptée à la télévision et dont je viens de lire le dernier tome paru, Le prince de Cochinchin­e. Il m’arrive aussi de lire des romans de pure fiction comme ceux d’Amélie Nothomb, de Franz-Olivier Giesbert ou de Christophe Ono-dit-Bio, sans parler de Jean d’Ormesson, parmi mes auteurs préférés.

Quel est le dernier livre qui a littéralem­ent réussi à vous bouleverse­r ? J’ai été bouleversé par L’enfant qui mesurait le monde de Metin Arditi, à qui nous avons remis le prix Méditerran­ée 2017. Il se déroule en Grèce et traite de questions qui me sont chères comme la folie destructri­ce des hommes qui sacrifient la beauté des lieux aux puissances de l’argent, et j’ai été ému d’apprendre que l’enfant autiste qui en est le héros a été librement inspiré par le fils disparu de Françoise Nyssen, notre ministre de la Culture… J’en ai été profondéme­nt troublé.

Et quel est celui que vous vous promettez de dévorer sous peu ? Sur ma table de chevet, prêts à être lus, il y a Les hautes lumières de Xavier de Moulins, dont j’aime l’écriture à la serpe, et Fille de révolution­naires de Laurence Debray, dont j’avais adoré la biographie du roi d’Espagne Juan Carlos et qui raconte son éducation comme fille de Régis Debray…

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