Le Journal de Montreal

« Franfreluc­he était mon rôle le plus important »

– Kim Yaroshevsk­aya

- MARIE-FRANCE BORNAIS

À l’âge de 10 ans, la petite Kim a quitté Moscou pour rejoindre ses grands- parents maternels à New York. Mais le voyage, rempli de revirement­s inattendus, la conduit à Québec à bord du paquebot LAURENTIC, puis chez sa tante à Montréal.

Dans ce beau livre illustré de photos d’époque, de lettres, d’illustrati­ons, de documents, elle raconte son enfance auprès de sa grand-mère paternelle, mais aussi les moments difficiles vécus sous le régime de Staline. Elle évoque les grands moments de sa carrière, raconte des anecdotes passionnan­tes, partage ses souvenirs avec émotion.

INOUBLIABL­E PERSONNAGE

Passionnée par la danse, la musique et le théâtre, elle a créé l’inoubliabl­e personnage de Fanfreluch­e, qu’elle a incarné à la télé de Radio- Canada pendant une quinzaine d’années. Elle a joué Tchékhov, Tennessee Williams, Ionesco, Pirandello... et a joué dans une quinzaine de films.

« Fanfreluch­e, je l’ai inventée à partir de souvenirs de mon enfance, souvenirs de contes, de ballets, et surtout de mon grand désir inassouvi d’avoir une poupée. ( À cette époque, en URSS, on croyait que jouer à la poupée empêchait les petites filles de devenir courageuse­s et fortes !) Au début, ma Fanfreluch­e dansait plus qu’elle parlait. Avec le temps, elle s’est mise à lire les contes et y intervenir, en essayant d’y améliorer l’état des choses ! » témoigne- t- elle en entrevue par courriel.

« Plusieurs personnes m’ont dit que quand ils étaient enfants, Fanfreluch­e leur a permis d’espérer – elle leur a permis de penser qu’on pouvait changer les choses... Du moins essayer... Alors, malgré certains moments de grâce dans des rôles au théâtre, je pense que c’est Fanfreluch­e qui était mon rôle le plus important. »

CULTURE RUSSE

Kim Yaroshevsk­aya ne s’est jamais sentie étrangère au Québec. « C’est peut- être parce qu’après la mort de ma mère, quand j’avais 5 ans, changer de milieu ou de lieu où je vivais était devenu chose habituelle pour moi... Et puis j’étais bien accueillie ici. »

Le milieu de sa tante étant anglophone, elle est allée à l’école anglaise. « J’ai commencé à parler français en allant à l’École des Beaux- Arts, puis avec mon amoureux francophon­e, puis en chantant des chansons de folklore avec mes amis de l’Ordre de Bon Temps, puis avec les enfants à qui j’enseignais à danser dans les centres de loisirs de Montréal. »

Son âme et sa culture russe ont coloré ses personnage­s à la télévision et au théâtre. Elle note d’ailleurs que le livre La formation de l’acteur, écrit par le grand homme de théâtre Constentin Stanislavs­ki, a été très important dans son apprentiss­age. Elle a aussi dirigé un atelier Tchékhov pour des comédiens qui, comme elle, aimaient jouer les oeuvres de « cet extraordin­aire dramaturge » .

Aux jeunes artistes, qu’elle trouve « beaux et talentueux » , elle exprime ceci : « Comme ils sont bons ! Qu’ils continuent à faire ce qu’ils font avec ce plaisir, je n’ai pas d’autres conseils à leur donner ! »

Kim Yaroshevsk­aya a joué dans de nombreuses pièces de théâtre et participé à de nombreuses émissions télévisées, dont Passe-Partout, et s’est illustrée dans une quinzaine de films.

Elle a reçu l’Ordre du Canada en 1992.

Elle est devenue Compagne des arts et des lettres du Québec en 2017.

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MON VOYAGE EN AMÉRIQUE Kim Yaroshevsk­aya Éditions du Boréal, 144 pages.

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