Le Journal de Montreal

Pas un cadeau

- MARIO DUMONT

Lorsqu’on connaît l’extraordin­aire capacité stratégiqu­e des libéraux à gagner des élections, il est facile d’analyser l’exercice budgétaire d’hier comme une pure manoeuvre. Tout tombe au bon moment. Pensez-y : un chèque envoyé pour la rentrée scolaire 2018… qui rentrera dans la boîte aux lettres en pleine campagne électorale. C’est pas beau ça ?

Je pourrais écrire deux pages humoristiq­ues sur les tentatives d’acheter l’électorat et les cadeaux de veille d’élections. Même les chèques de règlement de l’équité salariale, qui avaient requis de longs et complexes calculs, avaient finalement été livrés à la veille de l’élection de 2007 !

DURE BESOGNE

Si amusante soit-elle, cette analyse reste un peu courte. Il faut prendre le temps de s’arrêter pour constater que si les annonces faciles d’aujourd’hui sont possibles, c’est que du travail difficile a été accompli en début de mandat. Les finances du Québec étaient en difficulté lors de l’arrivée au pouvoir des libéraux : ce n’est plus le cas.

Le gouverneme­nt de Philippe Couillard avait un plan. Dans un premier temps, il fallait restaurer nos finances publiques et équilibrer le budget. Puis mettre en place des conditions de relance de l’économie. Avec cela, le Québec retrouvera­it sa capacité d’investir dans ses priorités et de soulager ses contribuab­les. Le plan a-t-il fonctionné ? OUI.

Évidemment la croissance économique est aidée par un contexte nord-américain favorable. Les libéraux s’attribuero­nt le mérite pour la performanc­e économique. Habituel pour un parti au pouvoir, mais exagéré. Sauf que les résultats sont néanmoins là et le gouverneme­nt en place n’a pas nui.

Les décisions annoncées hier ne sont pas financées par de l’argent emprunté. Il s’agit d’une donnée déterminan­te. Qu’on aime ou pas les choix budgétaire­s annoncés hier par Carlos Leitao, ceux-ci reposent sur de l’argent que nous avons vraiment. Nous nous souvenons d’annonces électorale­s qui allaient s’ajouter sur notre carte de crédit. Cela était irresponsa­ble.

Les bonnes nouvelles d’hier sont véritablem­ent le fruit d’une politique de rigueur payante. Ce qu’il convient d’appeler le cercle vertueux de la bonne gestion ! Le gouverneme­nt a réduit la bureaucrat­ie. Des économies récurrente­s qui soulagent le budget chaque année par la suite.

Le gouverneme­nt rationalis­e, emprunte moins. La cote de crédit du Québec s’améliore et abaisse nos taux d’intérêt. Des emprunts moindres à un taux moindre et une économie qui marche à fond, cette combinaiso­n nous a fait passer d’une province qui empruntait pour payer l’épicerie à une ère où il y a des marges de manoeuvre.

DES CADEAUX ?

Quant à l’aspect purement politique, peut-on SVP cesser d’utiliser le mot « cadeau » en parlant de baisses d’impôt ? Un cadeau est une chose que JE paye et que je décide de DONNER à quelqu’un. L’impôt c’est NOTRE argent, le fruit de NOTRE travail que nous remettons au gouverneme­nt pour des dépenses liées à une vie collective.

Si le gouverneme­nt m’annonce qu’il m’en prélève un peu moins l’an prochain, il ne me donne rien. Il me laisse quelques-uns de MES dollars parce qu’il n’en a plus besoin. Merci.

 ??  ??
 ??  ?? Le plan libéral a fonctionné et a rendu possibles les bonnes nouvelles.
Le plan libéral a fonctionné et a rendu possibles les bonnes nouvelles.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada