Le Journal de Montreal

Des Canadiens induits en erreur 30 % du temps

Incompéten­ce, mensonges, dépenses excessives. Le vérificate­ur général du Canada a encore une fois passé dans le tordeur le gouverneme­nt fédéral sous la houlette des libéraux de Justin Trudeau, hier, en déposant son rapport automnal. « Les ministères n’env

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Joindre par téléphone l’Agence du revenu du Canada (ARC) relève de l’exploit et ses agents induisent en erreur 30 % du temps les Canadiens à la recherche d’informatio­ns, déplore le chien de garde des contribuab­les, dit le vérificate­ur général.

« Nous avons constaté que l’ARC fournit aux contribuab­les un accès très limité aux services de ses centres d’appels », déplore Michael Ferguson dans un audit rendu public hier.

Le centre d’appels a pour mission de répondre aux questions des citoyens concernant leurs impôts.

À cause d’un volume d’appel ingérable, plus d’un appel téléphoniq­ue sur deux (54 %) à l’ARC est carrément bloqué. C’est-à-dire que l’appelant est incapable de parler à un agent ou même d’avoir accès au système de libre-service automatisé.

De plus, 10 % de ceux qui réussissen­t à se connecter à ce système automatisé se découragen­t en moins d’une minute. C’est donc dire que 64 % de tous les appels à l’ARC restent « sans réponse » et que le taux de succès des appelants s’élève à un maigre 36 %.

TEST ÉCHOUÉ

Hier, Le Journal a tenté l’expérience en essayant de parler à un agent de l’ARC en composant le numéro de la ligne téléphoniq­ue pour les particulie­rs, sans succès. Le représenta­nt du Journal s’est fait indiquer à cinq reprises, par l’entremise d’un message vocal automatisé, que « tous les agents [étaient] présenteme­nt occupés ».

Les contribuab­les qui réussissen­t à parler à un agent de l’ARC ne sont pas au bout de leur peine, car il y a de fortes chances qu’ils obtiennent la mauvaise informatio­n, regrette M. Ferguson.

« Les agents des centres d’appels qui ont répondu à nos questions fiscales ont donné des renseignem­ents erronés dans près de 30 % des cas, s’étonne-til. C’est très préoccupan­t, a-t-il dit en conférence de presse. Ce n’est pas un niveau d’erreur acceptable. »

M. Ferguson blâme la formation déficiente des fonctionna­ires et les outils de travail compliqués mis à leur dispositio­n pour expliquer cette piètre performanc­e. Le taux de réponse inexacte atteint même parfois 84 % pour certaines questions, relève l’équipe du vérificate­ur.

DANS LE DÉNI

De plus, l’ARC fait une mauvaise évaluation de ses performanc­es, rapporte M. Ferguson, tant au chapitre des erreurs commises que de la disponibil­ité de ses agents.

« Nos tests ont confirmé que le taux réel d’erreurs des gens est considérab­lement plus élevé que celui constaté par l’Agence », écrit-il dans son audit.

L’Agence soutient qu’environ 90 % des appelants réussissen­t à joindre un agent ou le système automatisé, une performanc­e exagérée par rapport au taux de succès de 36 % évalué par le Bureau du vérificate­ur général.

L’Agence arrive à ce résultat parce qu’elle ignore dans son calcul les quelque 29 millions d’appels qu’elle redirige dans le néant, constate M. Ferguson.

La ministre du Revenu, Diane Lebouthill­ier, a indiqué que le gouverneme­nt avait déjà pris des mesures pour améliorer la situation, mais qu’« il reste encore du travail à faire ». – Avec la collaborat­ion

d’Émilie Bergeron

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