Pas d’éoliennes sur un champ de bataille français
Engie Green prévoyait en ériger sur un site où des milliers d’Australiens sont morts pendant la Grande Guerre
SYDNEY | (AFP) L’Australie est soulagée : l’électricien français Engie a renoncé à un projet d’éoliennes sur un champ de bataille de 1914-1918, où des milliers d’Australiens ont péri, une décision « très touchante » pour Canberra.
Engie Green prévoyait ériger six éoliennes sur ce site de la Première Guerre mondiale, à Bullecourt, dans le nord de la France. Mais le projet avait suscité une vive émotion parmi les Australiens.
Maria Cameron, une Australienne de 70 ans venue dans ce village où a péri son grand-oncle, le jugeait « barbare » : « C’est notre sang qui repose dans ces champs », avait-elle lancé avec émotion à une journaliste la semaine dernière.
NÉCROPOLE NATURELLE
« C’était un long périple pour une vieille femme », avait souligné la septuagénaire de Port Fairy (sud de l’Australie) qui a affronté 24 heures de voyage pour se rendre sur les lieux où est tombé son parent, Simon Fraser, comme environ 2000 autres soldats australiens.
Dans ce secteur, plusieurs divisions britanniques et australiennes avaient tenté en avril et mai 1917 de briser la ligne allemande Hindenburg, entre Arras et Soissons.
Environ 10 000 soldats australiens y avaient été tués ou blessés, mais aussi 7000 Britanniques et 10 000 Allemands.
Des milliers d’entre eux reposent pour toujours dans la boue et l’anonymat sur les 200 hectares de cette nécropole naturelle où poussent aujourd’hui pommes de terre et blé.
Encore aujourd’hui, des Australiens se rendent régulièrement à Bullecourt pour rendre hommage à leurs morts.
LES LOCAUX AUSSI
Et leur émotion à l’annonce du projet initial d’Engie était partagée par de nombreux habitants locaux. Beaucoup ont en effet noué des liens d’amitié avec des Australiens venus se recueillir ces dernières décennies au mémorial de Bullecourt.
« Quand on voit le sacrifice de ces milliers de soldats, cette terre peut être considérée comme un cimetière », expliquait Géraldine Alisse, opposante locale au plan d’Engie Green.