Le Journal de Montreal

10 000 immigrants de plus pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre

L’automatisa­tion du travail pourrait aussi être une partie de la solution

- FRANCIS HALIN

Québec doit accueillir « un minimum » de 10 000 immigrants de plus par année pour faire face à la pénurie de main-d’oeuvre qui frappe la province de plein fouet, selon une étude de l’Institut du Québec (IdQ) publiée aujourd’hui.

« C’est urgent parce que cette pénurie est l’obstacle numéro 1 de notre croissance économique », prévient Stéphane Forget, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), réagissant à l’étude de l’IdQ qui s’intitule Le vieillisse­ment de la population et l’économie du Québec.

M. Forget insiste : l’immigratio­n ne vient jamais enlever des emplois aux autres, mais comble de criants besoins de main-d’oeuvre et crée de la richesse collective. Elle est bénéfique pour tout le monde.

Des 53 000 immigrants venus s’installer au Québec en 2016, près de 40 % d’entre eux, soit 20 000, ont quitté le territoire. Plus de 8000 sont repartis à l’étranger et 12 000 sont allés vivre ailleurs au Canada.

Résultat, avec son faible taux de fécondité, sa population vieillissa­nte… et un nombre insuffisan­t d’immigrants pour prendre le relais, la productivi­té de la province est affectée, plaident les auteurs de l’étude.

DOUBLE PROBLÈME

Au Québec, les jeunes de moins de 14 ans sont moins nombreux que les personnes âgées de 65 ans et plus depuis 2011. Mais c’est vraiment d’ici 2025 que les effets du vieillisse­ment de la population se feront sentir plus fortement, rapporte l’IdQ, présidé par l’ex-ministre libéral Raymond Bachand.

Le vieillisse­ment de la population fait doublement mal à l’économie. Les personnes âgées travaillen­t moins… et dépensent moins également. Par exemple, les dépenses de consommati­on courante d’un ménage de 30-39 ans sont de 58 600 $ par année alors qu’elles s’élèvent à 36 700 $ pour les 65 ans et plus, souligne l’IdQ.

« C’est vrai que le vieillisse­ment de la population change les habitudes de consommati­on, mais il y aura des opportunit­és à saisir. Pensez au secteur de la santé », note par ailleurs le dirigeant de la FCCQ.

MODE SOLUTION

En plus de l’augmentati­on de 10 000 immigrants par année, la FCCQ propose de mieux retenir ses travailleu­rs en poste, de diversifie­r les marchés, de miser sur l’automatisa­tion et de favoriser la conciliati­on travail-famille.

Pour garder les parents sur le marché du travail, l’IdQ dit que Québec pourrait transférer le congé parental aux grands-parents, comme l’ont fait le Royaume-Uni ou le Portugal.

« Pourquoi ne pas adapter le marché à ceux qui ont le goût de travailler ? » conclut Stéphane Forget.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? « Le fait de garder un taux élevé de postes vacants pose un risque économique », met en garde l’étude de l’Institut du Québec (IdQ) publiée aujourd’hui. Les compagnies peuvent aujourd’hui hésiter à investir ou même à créer des emplois de peur...
PHOTO D’ARCHIVES « Le fait de garder un taux élevé de postes vacants pose un risque économique », met en garde l’étude de l’Institut du Québec (IdQ) publiée aujourd’hui. Les compagnies peuvent aujourd’hui hésiter à investir ou même à créer des emplois de peur...

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