Le Journal de Montreal

Le « jeu de cartes » du Québec pour attirer les entreprise­s étrangères

Comment la province fait-elle pour tirer son épingle du jeu et attirer des firmes de l’extérieur ?

- PHILIPPE ORFALI

Aujourd’hui, c’est Amazon, mais avant cela, il y a eu Ubisoft, Google et l’Agence mondiale antidopage (AMA). Des géants étrangers que Montréal est parvenue à attirer, à coups d’incitatifs… et d’efforts acharnés. Parmi toutes les régions du globe, comment le Québec fait-il pour tirer son épingle du jeu ?

C’est tout un art, qui allie réseaux de contacts internatio­naux, connaissan­ces pointues des divers secteurs du marché, contexte fiscal et économique, et beaucoup de patience, explique Stéphane Paquet, le vice-président, investisse­ments étrangers et organisati­ons internatio­nales chez Montréal Internatio­nal. L’organisme a pour mandat, comme Québec Internatio­nal pour la capitale, d’attirer au Québec des entreprise­s étrangères et des organisati­ons internatio­nales.

Pour lui, la notoriété de Montréal n’est plus à faire… sauf peut-être au plan économique. « Quand on parle de Montréal, on parle de ses festivals et restaurant­s, de sa scène culturelle, de sa “joie de vivre”. C’est très bien. Mais on parle trop peu du Montréal économique hors de ces secteurs touristiqu­es. Notre défi, c’est de faire connaître Montréal pas seulement comme l’endroit où passer une fin de semaine agréable, mais où on fait de bonnes affaires », lance-t-il.

LANGUE

Le Québec traîne également une certaine réputation en matière de langue et de fiscalité, ajoute le professeur Louis Hébert de HEC Montréal. « On pense que le Québec a des impôts élevés, même si ce n’est pas une réputation justifiée de nos jours. Et pour certaines entreprise­s, s’adapter au français apparaît difficile. C’est certaineme­nt un obstacle. »

La plupart des sociétés voient le fait français comme un atout et non un frein à leur venue au Québec, rétorque M. Paquet.

D’autant plus que le coût de la vie et ceux liés à l’installati­on d’une société sont ici beaucoup moins élevés que dans toute autre région métropolit­aine en Amérique du Nord.

FISCALITÉ

Reste la question de la fiscalité. Les crédits d’impôt dont ont bénéficié des entreprise­s étrangères de jeux vidéo, notamment, continuent de faire réagir. Des PME du secteur des technologi­es, comme Stingray, font valoir que ces incitatifs fiscaux font gonfler les salaires, ne permettant pas aux entreprise­s d’ici de rivaliser contre leurs concurrent­s internatio­naux subvention­nés par l’État.

À ces arguments, le vice-président d’Ubisoft Montréal, Francis Baillet, réplique que tous bénéficien­t des retombées économique­s et fiscales d’une compagnie comme la sienne. « Notre industrie compte pour 100 milliards $ à travers le monde et croît de 7 à 10 % par an, soit 3 fois plus vite que le PIB des États. C’est très attrayant pour les États de faire venir ces entreprise­s chez eux », a-t-il indiqué, hier, lors d’une table ronde organisée par le Conseil des relations internatio­nales de Montréal (CORIM).

Il souligne qu’alors qu’ils sont critiqués ici, de tels crédits ont été implantés au Royaume-Uni, en France, en Ontario… autant de régions avec lesquelles le Québec doit concurrenc­er.

« On a un État catalyseur. On se retrouve en ce moment dans le top 5 mondial de notre industrie, mais si on continue, on a la possibilit­é d’aller chercher notre coupe Stanley. »

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