Le « jeu de cartes » du Québec pour attirer les entreprises étrangères
Comment la province fait-elle pour tirer son épingle du jeu et attirer des firmes de l’extérieur ?
Aujourd’hui, c’est Amazon, mais avant cela, il y a eu Ubisoft, Google et l’Agence mondiale antidopage (AMA). Des géants étrangers que Montréal est parvenue à attirer, à coups d’incitatifs… et d’efforts acharnés. Parmi toutes les régions du globe, comment le Québec fait-il pour tirer son épingle du jeu ?
C’est tout un art, qui allie réseaux de contacts internationaux, connaissances pointues des divers secteurs du marché, contexte fiscal et économique, et beaucoup de patience, explique Stéphane Paquet, le vice-président, investissements étrangers et organisations internationales chez Montréal International. L’organisme a pour mandat, comme Québec International pour la capitale, d’attirer au Québec des entreprises étrangères et des organisations internationales.
Pour lui, la notoriété de Montréal n’est plus à faire… sauf peut-être au plan économique. « Quand on parle de Montréal, on parle de ses festivals et restaurants, de sa scène culturelle, de sa “joie de vivre”. C’est très bien. Mais on parle trop peu du Montréal économique hors de ces secteurs touristiques. Notre défi, c’est de faire connaître Montréal pas seulement comme l’endroit où passer une fin de semaine agréable, mais où on fait de bonnes affaires », lance-t-il.
LANGUE
Le Québec traîne également une certaine réputation en matière de langue et de fiscalité, ajoute le professeur Louis Hébert de HEC Montréal. « On pense que le Québec a des impôts élevés, même si ce n’est pas une réputation justifiée de nos jours. Et pour certaines entreprises, s’adapter au français apparaît difficile. C’est certainement un obstacle. »
La plupart des sociétés voient le fait français comme un atout et non un frein à leur venue au Québec, rétorque M. Paquet.
D’autant plus que le coût de la vie et ceux liés à l’installation d’une société sont ici beaucoup moins élevés que dans toute autre région métropolitaine en Amérique du Nord.
FISCALITÉ
Reste la question de la fiscalité. Les crédits d’impôt dont ont bénéficié des entreprises étrangères de jeux vidéo, notamment, continuent de faire réagir. Des PME du secteur des technologies, comme Stingray, font valoir que ces incitatifs fiscaux font gonfler les salaires, ne permettant pas aux entreprises d’ici de rivaliser contre leurs concurrents internationaux subventionnés par l’État.
À ces arguments, le vice-président d’Ubisoft Montréal, Francis Baillet, réplique que tous bénéficient des retombées économiques et fiscales d’une compagnie comme la sienne. « Notre industrie compte pour 100 milliards $ à travers le monde et croît de 7 à 10 % par an, soit 3 fois plus vite que le PIB des États. C’est très attrayant pour les États de faire venir ces entreprises chez eux », a-t-il indiqué, hier, lors d’une table ronde organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
Il souligne qu’alors qu’ils sont critiqués ici, de tels crédits ont été implantés au Royaume-Uni, en France, en Ontario… autant de régions avec lesquelles le Québec doit concurrencer.
« On a un État catalyseur. On se retrouve en ce moment dans le top 5 mondial de notre industrie, mais si on continue, on a la possibilité d’aller chercher notre coupe Stanley. »