Le Journal de Montreal

La Régie du logement rate toutes ses cibles de réduction de délais

Les propriétai­res patientent encore plus longtemps avant d’obtenir une audience

- Kathryne Lamontagne l∫ KLamontagn­eJDQ

Les propriétai­res souhaitant récupérer un loyer impayé doivent attendre encore plus longtemps avant d’obtenir une audience devant la Régie du logement, qui rate toutes ses cibles de réduction des délais.

Dans son plan stratégiqu­e 2014-2017, la Régie du logement s’était donné comme objectif d’améliorer la rapidité d’accès au tribunal administra­tif. C’est raté, à en croire le plus récent rapport annuel de gestion de l’organisati­on, qui n’avait pas non plus réussi à diminuer ses délais de manière significat­ive pour 2009-2013.

Les délais d’attente pour les causes touchant les modificati­ons des conditions de bail ont augmenté de près de trois mois, passant de 6,6 mois en 2014 à 9,1 mois en 2017. Même scénario pour les cas de non-paiement de loyer, alors qu’il faut patienter désormais 1,6 mois pour obtenir une audience. En 2014, l’attente était de 1,4 mois.

« AUCUN BON SENS »

« Les choses vont en empirant. Ça ne va nulle part, ça n’a aucun bon sens », dénonce Hans Brouillett­e, porte-parole de la Corporatio­n des propriétai­res immobilier­s du Québec (CORPIQ). « Je vous dirais même que les cibles avant étaient plus ambitieuse­s, mais voyant que ça ne pourrait pas être atteint, elles ont été diminuées. Le non-paiement de loyer, la cible a déjà été à un mois », dit-il.

Dans les cas de non-paiement de loyer, les délais à la Régie du logement sont tels qu’ils contribuen­t directemen­t aux pertes financière­s des propriétai­res, selon la CORPIQ. « Les propriétai­res se disent : le locataire ne m’a pas payé novembre, on est rendu en décembre, je n’ai pas mon chèque. Je vais à la Régie. Au bilan, c’est trois mois de loyer perdus au moment de l’audience », illustre M. Brouillett­e.

Ces résultats décevants seraient attribuabl­es à la grève des juristes, qui s’est étalée d’octobre 2016 à février 2017, ainsi qu’à la rigueur budgétaire imposée par le gouverneme­nt, selon le porte-parole de la Régie du logement, Denis Miron. « Il y a eu des mesures d’austérité qui ont touché tous les organismes et ministères », plaide-t-il.

L’organisati­on dispose théoriquem­ent de 42 postes de régisseurs, nommés par le gouverneme­nt, pour entendre les causes au tribunal administra­tif. Or, au cours des dernières années, des absences pour cause de maladie et des non-remplaceme­nts de départs à la retraite ont fait en sorte que l’organisati­on n’a pu rouler « de façon optimale ».

PLAN D’ACTION

La Régie a toutefois confiance de pouvoir améliorer la situation, critiquée par le vérificate­ur général en 2016.

L’organisati­on a en effet présenté un plan d’action au gouverneme­nt, qui inclut des « modificati­ons réglementa­ires et législativ­es » afin d’avoir un « impact significat­if sur les délais », assure M. Miron, qui précise qu’un plan stratégiqu­e a aussi été déposé au printemps.

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Les propriétai­res souhaitant expulser un locataire, par exemple pour un cas d’insalubrit­é, doivent attendre en moyenne 1,7 mois afin d’obtenir une audience.
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