Québec repousse les conditions du fédéral
OTTAWA | Alors qu’Ottawa s’est dit confiant de s’entendre avec les provinces pour sa stratégie nationale sur le logement, Québec a catégoriquement refusé, hier, que le fédéral s’ingère dans ce champ de compétence.
« Ce n’est pas au fédéral d’imposer ses conditions. Le Québec n’acceptera jamais de se laisser dicter ses priorités », a tonné la ministre responsable de l’Habitation, Lise Thériault.
Rappelant que la Société d’habitation du Québec gérait depuis 50 ans le dossier du logement social, Mme Thériault a demandé une entente asymétrique, en dehors de la stratégie fédérale, qui respecte les compétences provinciales. « Donnez-nous l’argent, on est assez grands pour le gérer », a-t-elle lancé, en saluant tout de même la volonté d’Ottawa d’investir.
40 MILLIARDS $ SUR 10 ANS
Annoncée par le gouvernement Trudeau hier et applaudie par de nombreux organismes, la stratégie regroupe 40 milliards $ d’investissements sur 10 ans à partir de 2018-2019, année électorale au Canada. Le financement provient essentiellement de fonds déjà budgétés en 2017 et de programmes existants qui seront réaffectés.
Le plan, qui était promis par les libéraux en 2015, comprend une allocation de 2500 $ par année pour aider 300 000 ménages vulnérables à payer leur loyer, la construction de 100 000 logements sociaux et la réparation de 300 000 autres.
Plusieurs mesures du plan fédéral devront toutefois être financées à moitié par les provinces, ce qui doit encore être négocié. « Il n’y a aucun maire ou premier ministre qui ne croit pas que le logement est un défi fondamental », a dit le premier ministre Justin Trudeau à Toronto. Il se dit confiant d’en arriver à une entente avec les provinces. Le fédéral croit que le logement est une responsabilité partagée, qui a été délaissée dans les dernières décennies.
DROIT DE RETRAIT
Les responsables de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) n’étaient pas en mesure de dire si les provinces auraient un droit de retrait avec pleine compensation.
Pour le Bloc québécois, la province doit impérativement bénéficier d’une compensation sans condition. « Le fédéral se mêle de ce qui ne le regarde pas. Qu’il nous transfère l’argent. Le Québec est habitué à gérer ses affaires », a commenté le député bloquiste Simon Marcil.
Le conservateur Gérard Deltell y voit de son côté une méthode typique des libéraux, celle de soumettre les provinces à des projets « mal ficelés », comme dans le dossier de la marijuana.