Le Journal de Montreal

Un test de 2 minutes aurait évité 47 morts

Tom Harding n’aurait pas effectué un test obligatoir­e

- CAROLINE LEPAGE Collaborat­ion spéciale

SHERBROOKE | Selon un expert, la tragédie de Lac-Mégantic aurait pu être évitée si le conducteur Tom Harding avait procédé à un test de sécurité obligatoir­e qui prend moins de deux minutes à faire.

Après avoir garé son train à Nantes le soir du 5 juillet 2013, Harding a appliqué sept freins à main et il a serré à fond les freins indépendan­ts, qui exercent une pression d’air sur les cylindres.

Selon l’expert Stephen Callaghan qui témoignait hier, Harding aurait dû par la suite effectuer un test qui prend moins de deux minutes à faire. Ces vérificati­ons obligatoir­es lui auraient permis de savoir si le train était immobilisé sécuritair­ement uniquement avec les freins à main.

M. Callaghan est convaincu que le train aurait bougé si Tom Harding avait réalisé le test d’efficacité, car il avait appliqué deux fois moins de freins à main que la norme.

Selon le poids du convoi et l’inclinaiso­n de la pente où il était garé, l’expert statue qu’il aurait fallu appliquer 14 freins à main pour sécuriser correcteme­nt les locomotive­s et les wagons de pétrole.

« Si le train bouge, vous arrêtez le train, vous descendez du train, vous appliquez plus de freins à main et vous répétez le test », a-t-il détaillé au procès des trois ex-employés de la MMA, Tom Harding, Jean Demaître et Richard Labrie. Ils sont accusés de négligence criminelle ayant causé la mort de 47 personnes à la suite de l’explosion d’un train au centre-ville de Lac-Mégantic le 6 juillet 2013. Ils risquent la prison à perpétuité si le jury les trouve coupables.

MOTEUR COUPÉ

Avant que les pompiers de Nantes intervienn­ent pour un feu dans la cheminée, le moteur de la locomotive de tête fonctionna­it au ralenti et maintenait la pression dans le système de freins à air. Les pompiers ont dû couper le moteur pour combattre les flammes et, après leur départ, le train s’est mis à avancer.

« Le train est parti à la dérive à cause d’une perte de pression dans le système de freins à air, ce qui a eu pour effet de compromett­re la puissance de retenue de tout le système de freinage », a expliqué M. Callaghan. La semaine dernière, le jury a pu écouter des enregistre­ments d’appels téléphoniq­ues effectués lors de l’explosion entre le contrôleur ferroviair­e Richard Labrie et son patron Jean Demaître, qui ne pouvaient s’expliquer le dérailleme­nt de leur train.

« Il n’a pas sécurisé ça comme il faut, lui là. Il n’a pas mis les breaks sur les chars [en parlant de Tom Harding] », avait dit M. Demaître.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE Les actions du chef de train Tom Harding, le soir du 5 juillet 2013, ont été critiquées par un expert au procès qui se déroule présenteme­nt à Sherbrooke.
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STEPHEN CALLAGHAN Expert

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