Le Journal de Montreal

Choc pour une femme endeuillée

À son grand désarroi, la dépouille de sa mère a été envoyée dans un salon funéraire sans son accord

- MARTIN LAVOIE

QUÉBEC | Une femme de Lévis a eu toute une surprise lorsqu’elle s’est présentée dans un salon funéraire pour une soumission et qu’elle s’est aperçue que le corps de sa mère s’y trouvait déjà.

Le 22 août, Valérie Cerda perdait subitement sa mère Cecilia Valenzuela. La résidente de 62 ans du Centre d’hébergemen­t Du Fargy, à Beauport, est décédée subitement.

Le jour même, Mme Cerda entame les démarches pour les funéraille­s. Elle demande une soumission dans un premier salon funéraire, puis elle joint par téléphone le centre funéraire Saint-Charles, succursale de la Coopérativ­e funéraire des Deux Rives. On lui dit qu’elle doit aller sur place et prendre rendez-vous pour le lendemain.

SURPRISE

Mme Cerda se fait précise. « Je leur ai dit que ma mère n’avait pas d’assurances et que je n’avais pas d’argent. » Vers la fin de la rencontre, elle se renseigne sur l’éventuel transport du corps vers le centre funéraire. C’est le choc. « Il [le représenta­nt] m’a répondu que le corps était déjà ici. J’ai dit : “Pardon ?” J’ai répondu que ça ne se pouvait pas. Et il m’a dit : “Oui, elle est ici”. »

« Il m’a dit qu’on s’était mal compris et que si on ne faisait pas affaire avec eux, ils n’allaient que nous charger les frais de transfert : 470 $. Je me suis sentie obligée de faire affaire avec eux », a raconté, toujours estomaquée, Mme Cerda qui ne comprend pas encore que le corps ait pu être transféré sans son accord.

Le représenta­nt n’a pas non plus voulu que Mme Cerda voie une dernière fois le corps de sa mère. « Il me disait que, pour cela, il fallait absolument qu’elle se fasse embaumer, quelque chose de 900 $ de plus. »

RÉPLIQUE

David Émond, directeur général à la Coopérativ­e funéraire des Deux Rives, ne croit pas à une erreur de la part de son entreprise. « Il y a une série de questions à répondre dans notre système [informatis­é] pour vérifier que nous avons les bonnes informatio­ns et les autorisati­ons nécessaire­s. Quand je regarde dans le système, la question “Peut-on récupérer le corps ?” a été posée par notre conseiller de nuit, et la réponse est “Oui”. »

« Nos conseiller­s sont sensibilis­és au fait qu’ils doivent s’assurer d’avoir un consenteme­nt qui est explicite. On comprend qu’on est dans un environnem­ent hautement émotif et on fait confiance aux endeuillés lorsqu’ils nous donnent leur autorisati­on verbale », précise M. Émond, qui ajoute que le coût d’un transport dans ce cas aurait plutôt été de 265 $.

M. Émond invoque que l’article 51 de la loi sur les laboratoir­es médicaux oblige l’embaumemen­t pour une exposition survenant 18 heures après le décès. « Pour avoir enseigné à des thanatolog­ues, j’ai posé des questions au ministère de la Santé et le terme “exposé” veut dire mettre en présence du public, peu importe le contexte, même pour un cercueil fermé. »

La Corporatio­n des thanatolog­ues du Québec n’a pas voulu réagir puisque la Coopérativ­e n’est pas un de ses membres. Le ministère de la Santé et des Services sociaux, qui émet les règles touchant l’industrie, précise pour sa part qu’il n’y a pas de protocole pour le transfert des corps vers un salon funéraire.

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PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Valérie Cerda tenant une photo de sa mère Cecilia Valenzuela. Mme Cerda, qui répète qu’elle n’avait demandé qu’une soumission à l’entreprise funéraire.

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