Le Journal de Montreal

Washington accuse l’armée birmane de nettoyage ethnique

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WASHINGTON | (AFP) Les États-Unis ont haussé le ton hier contre l’armée birmane, dénonçant à leur tour, après l’ONU, un « nettoyage ethnique contre les Rohingyas » en Birmanie, où plus de 600 000 membres de cette minorité musulmane ont fui les violences.

« Les responsabl­es de ces atrocités doivent rendre des comptes », a déclaré le secrétaire d’État américain Rex Tillerson, qui a rencontré à la mi-novembre, en Birmanie, le chef de l’armée Min Aung Hlaing et la dirigeante du gouverneme­nt civil Aung San Suu Kyi.

Dans un communiqué, il a explicitem­ent accusé « certains au sein de l’armée et des forces de sécurité birmane ainsi que dans les groupes locaux d’autodéfens­e », et il n’a pas exclu des « sanctions ciblées ».

MESURES À L’ÉTUDE

Une responsabl­e du départemen­t d’État a confirmé que de telles mesures punitives étaient à l’étude contre « des personnes responsabl­es d’actes de violence spécifique­s », tout en confirmant que les États-Unis écartaient à ce stade l’idée de « sanctions économique­s globales » contre le pays.

En réponse à des attaques de la rébellion rohingya fin août, l’armée birmane mène une campagne de représaill­es dans l’État Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie. Plus de 600 000 Rohingyas ont fui en trois mois au Bangladesh voisin, dont la moitié sont des enfants, et ont témoigné d’exactions, de viols ou de meurtres de la part des soldats birmans, accusés de vouloir vider la région des musulmans.

L’ONU avait dénoncé dès le 11 septembre une « épuration ethnique », mais l’administra­tion américaine s’était refusée jusqu’ici à en faire autant, expliquant qu’elle analysait la situation.

« Après une analyse attentive et approfondi­e des faits disponible­s, il est clair que la situation dans le nord de l’État Rakhine constitue un nettoyage ethnique contre les Rohingyas », a ainsi déclaré hier Rex Tillerson.

DÉNONCIATI­ON SYMBOLIQUE

Un responsabl­e du départemen­t d’État a toutefois expliqué que cette dénonciati­on n’avait aucune implicatio­n légale et était avant tout symbolique. « Cela met l’accent sur notre préoccupat­ion » et sur « le sentiment d’urgence » autour de cette crise, a-t-il fait valoir.

Depuis le début de ce nouveau drame des musulmans rohingyas, la plus grande population apatride au monde victime de longue date de nombreuses discrimina­tions, les États-Unis prennent soin de ne pas blâmer Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix auréolée de son long combat contre la junte militaire, mais évoquent ouvertemen­t la responsabi­lité de l’armée.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Quelque 600 000 musulmans Rohingyas ont fui les violences dans l’État Rakhine, dans l’ouest birman, et sont aujourd’hui entassés dans des campements insalubres au Bangladesh.

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