Le Journal de Montreal

Guy Lafleur, l’honnête homme

- GILLES PROULX

Comme grand joueur québécois du Canadien de Montréal capable d’inspirer tout un peuple, il y a eu Maurice Richard. Il y a encore Guy Lafleur, ancien jeune fou devenu vieux sage. Ensuite, on scrute l’horizon : on ne voit rien. Ce club a tout fait pour trahir ses héros et son public.

Guy Lafleur a toujours été un gars franc, n’en déplaise à certains. À

Conversati­on secrète, la nouvelle émission télévisée de Paul Arcand dimanche dernier, Lafleur en a étonné plusieurs en s’en prenant à l’hypocrisie du club de hockey Canadien et à Jacques Lemaire. Ce petit prétentieu­x de Ville LaSalle, après avoir séjourné en Suisse, pensait avoir franchi le Rubicon, et, nommé entraîneur, il voulait en remontrer au numéro 10. Pourtant, à l’époque, ce dernier portait l’équipe sur ses épaules…

Mais Lemaire et Serge Savard, le directeur général, voulaient faire place nette. Lafleur aurait dû, il le reconnaît aujourd’hui, dire publiqueme­nt qu’il voulait être échangé… Mais ça aurait été trahir les « fans ».

« VA-T’EN, GUY ! »

Pendant longtemps, l’illusion que la Sainte Flanelle existait encore a pu durer. En rétrospect­ive, on se rend compte que l’euthanasie de cette organisati­on a commencé par la liquidatio­n cavalière de Guy Lafleur et du « vieux hockey » où l’on jouait avec coeur et n’accumulait pas les millions.

Justement, ce qui a brisé le coeur de Lafleur, ce fut de découvrir un jour que l’équipe consentait à un de ses coéquipier­s médiocre un salaire beaucoup plus élevé qu’à lui. Cette humiliatio­n voulait dire : « Va-t’en, Guy ! »

PÈRE FIDÈLE

Guy Lafleur reste fidèle à son fils Mark, qu’il va voir en prison chaque semaine.

Presque toujours, ce sont les frasques de ce fils, qui ne connaît probableme­nt pas sa chance d’avoir un père présent malgré tout, qui mettent Lafleur dans les journaux. J’étais heureux de le revoir enfin dans une entrevue de fond pour parler de lui-même… même si ça signifie que l’on se désole encore de ce que le Canadien a cessé d’être. Chapeau à Paul Arcand pour ses questions audacieuse­s !

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