Le Journal de Montreal

Le petit chèque minable des libéraux

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

La manoeuvre est grosse comme le nez au milieu du visage. Le gouverneme­nt libéral a décidé d’acheter sa réélection en distribuan­t des chèques aux électeurs.

On comprend le message : après la pluie le beau temps, et après l’austérité le retour de l’argent. Les libéraux croientils vraiment que ça fonctionne­ra ?

Croient-ils, comme des petits cyniques de comptoir et autres gueulards de taverne, que l’électeur, finalement, ne pense qu’avec son portefeuil­le et qu’il est prêt à vendre son vote pour quelques dollars ?

ÉCONOMIE

Voient-ils les électeurs comme une collection d’individus à qui il suffit d’envoyer des billets pour les mobiliser lors des prochaines élections ?

Bien des commentate­urs le croient, comme s’ils partageaie­nt cette vision de la population. C’est le préjugé dominant de notre époque : l’économie serait la seule chose vraiment importante et le reste serait secondaire.

En politique, l’économie serait la seule affaire sérieuse, digne d’intérêt. C’est ce qu’on appelle aussi les « vraies affaires ». On veut faire passer ceux qui ne réduisent pas le monde à l’économie pour des pelleteurs de nuages et autres farfelus vivant dans un monde parallèle.

Depuis toujours, les libéraux cherchent à se faire passer pour le parti de l’économie, alors qu’ils ne sont que le bras politique de notre bourgeoisi­e colonisée qui voit dans sa soumission au Canada une preuve de son réalisme financier.

Pourtant, certains électeurs veulent bien croire à cette propagande. Triste naïveté.

Aux prochaines élections, on peut seulement espérer que les électeurs ne se laisseront pas piéger par la stratégie gouverneme­ntale. On espère qu’ils auront une vision d’ensemble de ce que devient la société québécoise.

À tout le moins, les partis d’opposition ne devraient pas eux-mêmes tomber dans ce piège qui les condamnera­it à l’impuissanc­e politique. Sur le terrain de l’électorali­sme crasse, ils ne seront jamais les meilleurs.

ÉLECTIONS

On me pardonnera de faire ici une petite liste des questions que les électeurs devraient se poser.

Qu’en est-il du français à Montréal ? Est-ce que notre métropole parle toujours français ou se laisse-t-elle angliciser ? Est-ce que les francophon­es peuvent y vivre dans leur langue ou sont-ils traités comme des étrangers chez eux ?

Qu’en est-il de l’intégratio­n des immigrants ? Est-ce qu’ils s’intègrent à la majorité francophon­e ou se laissentil­s transforme­r en Canadiens anglais vivant au Québec ? Se pourrait-il que le PLQ ait augmenté sans cesse l’immigratio­n pour se reconstitu­er un électorat ?

Qu’en est-il de l’école ? Transmet-elle une véritable culture et de véritables savoirs, ou fabrique-t-elle toujours des ignorants dans des bâtiments moisis ?

Qu’en est-il de la qualité de notre démocratie ? Avons-nous repris confiance en nos institutio­ns ou sommes-nous plus dégoûtés que jamais par les scandales qui empestent la vie politique ?

Qu’en est-il du système de santé ? Traite-t-il enfin les Québécois comme des êtres humains respectabl­es ou sont-ils encore condamnés à des délais insensés ?

Aux prochaines élections, il faudra faire fonctionne­r ses neurones et ne pas se contenter de jouir en consommate­urs du petit chèque minable du gouverneme­nt libéral.

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 ??  ?? Les Québécois se laisseront-ils acheter par les chèques du gouverneme­nt libéral et de son ministre des Finances Carlos Leitão ?
Les Québécois se laisseront-ils acheter par les chèques du gouverneme­nt libéral et de son ministre des Finances Carlos Leitão ?

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