Le Journal de Montreal

Super-clinique obligée de barrer ses portes

Victime de son succès, elle doit refuser des patients

- SOPHIE CÔTÉ

QUÉBEC | Depuis le début du mois, la super-clinique MaClinique Lebourgneu­f ferme à l’occasion « temporaire­ment » les portes de son urgence mineure – là où elle accueille les patients orphelins, notamment – quand le délai d’attente pour être évalué par une infirmière dépasse les deux heures.

Vers 9 h 30 hier matin, Hugo, un père de famille de Québec dont nous tairons le nom de famille à sa demande, est resté bouche bée quand il s’est buté à des portes barrées à l’entrée de l’urgence mineure de la super-clinique, pour aller y rejoindre sa conjointe qui, elle, s’était inscrite à l’accueil vers 8 h 45.

Noir sur blanc, sur une petite affiche, il était écrit : « Fermé temporaire­ment. Délai d’attente trop long. »

« Je voyais le monde revirer de bord pis dire : “Je vais aller à l’hôpital” », raconte l’homme, qui estime avoir vu « une bonne vingtaine de personnes par heure » rebrousser chemin, avant que les portes ne soient rouvertes deux heures plus tard.

« Ce que je ne comprends pas, c’est qu’il y a 20 patients maximum dans la salle d’attente. Ça n’appelle personne, on se demande : ils sont où les infirmière­s, les médecins ? », déplore Hugo, dont la conjointe a vu un médecin six heures après son arrivée. Le couple n’était pas le seul dans cette situation. Un homme, rapporte-t-il, est sorti en colère d’un bureau de médecin, où il attendait avec sa femme un médecin depuis… 50 minutes.

« C’est pire que pire. Je regrette. Et ma blonde regrette de ne pas être allée à l’urgence », affirme-t-il.

UNE SOLUTION « NOVATRICE »

À la tête de la super-clinique, la Dre Chantal Guimont explique que la fermeture « temporaire » des portes, qui survient « plus d’une fois par semaine » est une solution « novatrice » à l’essai « pour le bienêtre des patients », alors que les délais d’attente pour passer par le triage sont parfois « inacceptab­les », en raison d’une trop grande affluence.

« Ça n’empêchera jamais quelqu’un qui a un besoin urgent de rentrer. Si la personne fait un signe à la commis, on va lui ouvrir la porte », soutient-elle, insistant sur le fait qu’une autre porte, située sur le côté, n’est jamais barrée.

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