Un magnat de l’immobilier réfute tout lien avec le Parti libéral du Québec
L’homme d’affaires dit avoir suivi rigoureusement le processus et s’en prend à la Société immobilière du Québec
George Gantcheff, impliqué dans la vente d’immeubles gouvernementaux en 2008, affirme avoir « suivi rigoureusement » le processus d’appel d’offres et nie avoir tout lien avec le Parti libéral du Québec.
Dans un échange de courriels avec notre Bureau d’enquête, M. Gantcheff a répliqué pour une première fois au rapport dévastateur de la Vérificatrice générale (VG) sur cette privatisation d’immeubles que le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand, a qualifiée de « fraude alléguée ».
En 2008, le gouvernement, par l’entremise de la Société immobilière du Québec (SIQ), a vendu deux édifices à M. Gantcheff.
MAUVAISE GESTION
Un troisième a aussi été vendu la même année par la SIQ à l’entrepreneur Tony Accurso et au Fonds de solidarité FTQ.
La VG estime que la « mauvaise gestion » de la SIQ a fait perdre 18,6 millions $ à l’État québécois. Selon son enquête, la Société a offert des concessions financières à M. Gantcheff de l’ordre de 11,8 millions au total.
« Il est faux de dire que j’ai bénéficié de concessions de la SIQ de 11,8 millions $ », s’est pourtant défendu M. Gantcheff dans un échange de courriels.
À ses yeux, « la VG omet de tenir compte [du fait] que j’ai dû débourser 45 millions $ pour la réfection urgente des immeubles, montant non remboursé par la SIQ ».
« J’ai suivi rigoureusement le processus d’appel d’offres mis en place par la SIQ », poursuit-il.
« C’est seulement après que mes offres ont été acceptées que j’ai appris que les immeubles étaient dans un état lamentable. Cette information était entre les mains de la SIQ et elle ne l’a pas divulguée pour obtenir le meilleur prix de vente. »
La SIQ a effectivement choisi d’inclure une clause qui précisait que toutes les réparations majeures lui seraient imputées. Mais par la suite, elle a finalement contesté plusieurs dépenses.
COURTIER PROCHE DU PLQ
MM. Gantcheff et Accurso avaient fait appel au même courtier pour négocier les transactions : William Bartlett. Or, ce dernier est aussi un organisateur libéral engagé dans la campagne de 2007 de Philippe Couillard.
Un reportage de Radio-Canada en 2016 démontrait qu’à la suite des transactions immobilières avec la SIQ, M. Bartlett avait versé d’importantes sommes aux collecteurs de fonds libéraux, Franco Fava et Charles Rondeau.
« M. Gantcheff ne connaissait pas M. Bartlett avant les deux transactions, précise son avocat, Me Richard Vachon. Celui-ci avait été engagé antérieurement par d’autres acheteurs potentiels. Par la suite, ces acheteurs se sont désistés et M. Gantcheff les a remplacés. M. Bartlett a suivi comme consultant. »
UN DON
« Contrairement à ce qui a circulé, je n’ai jamais été impliqué dans un parti politique. Encore moins dans le financement politique », insiste M. Gantcheff.
Il a toutefois fait un don au PLQ de 3000 $, en 2008, soit l’année de l’achat des immeubles.
L’Unité permanente anticorruption enquête toujours sur la SIQ et ces transactions.