Cette pénurie étrangle plus l’agroalimentaire
Le premier employeur manufacturier du Québec croule sous le poids de la pénurie de main-d’oeuvre, ce qui fait craindre le pire aux acteurs de l’industrie comptant près de 66 000 travailleurs.
« C’est de pire en pire. On vend de plus en plus. La demande augmente. Les livraisons aussi. Mais on a besoin de maind’oeuvre pour fabriquer et livrer des produits », s’inquiète Sylvie Cloutier, PDG du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ). Plus de 1600 entreprises oeuvrent dans ce secteur ici.
Mme Cloutier constate que les industries situées loin des grands centres urbains souffrent davantage. Elle cite Bonduelle Amériques et Lassonde qui ont eu de la difficulté à trouver leurs employés saisonniers l’été dernier.
Le PDG de VegPro, Gerry Van Winden, nage aussi dans l’inquiétude constante du manque de travailleurs. Son usine d’emballage de salade fraîche ne parvient pas à trouver suffisamment de personnel.
NAVETTES DE TRAVAILLEURS
Résultat, Gerry Van Winden a mis en place un service de navette entre le métro Saint-Michel et Longueuil, et son usine de Sherrington, en Montérégie.
Trois fois par jour, sept fois par semaine, depuis quatre ans, il va chercher lui-même la main-d’oeuvre là ou elle est… en ville.
« Nous avons par exemple besoin de personnes qui font de l’inspection visuelle ou de la manutention. Nous les payons en haut du salaire minimum, mais elles ne restent pas », regrette-t-il.
Aujourd’hui, toutes les régions sont touchées par cette pénurie, observe le CTAQ qui regroupe 80 % du volume annuel d’affaires d’une industrie de près de 28 milliards $.
« On parle d’aérospatiale... Ça fait beaucoup plus jazzé que de parler de l’agroalimentaire », déplore Sylvie Cloutier, qui est à la tête du premier groupe manufacturier.