DE VIEUX CHÈQUES RATTRAPENT LE Nº 2 DE L’UPAC
Révélations de 5 policiers sur d’anciennes activités de Marcel Forget
La dernière fois que Marcel Forget a accepté d’être photographié, c’est en compagnie de son directeur Robert Lafrenière en marge de l’arrestation du député Guy Ouellette.
Ce sont maintenant cinq policiers ou ex-policiers qui disent avoir acheté des actions d’une entreprise controversée par l’intermédiaire ou à la recommandation du numéro deux de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) Marcel Forget, qui n’avait pas de permis de courtier.
Une série d’entrevues menées par notre Bureau d’enquête a permis de recueillir les témoignages suivants, à propos de faits qui se seraient déroulés dans les années 1990 et 2000. Marcel Forget était alors officier à la Sûreté du Québec (SQ).
√ Le maire de Chambly et ex-dirigeant de l’escouade Carcajou, Denis Lavoie, dit avoir donné un chèque dans une résidence de Beloeil en présence de M. Forget. Ce chèque servait à acheter des actions de Newtech.
√ L’ex-policier de la SQ, Richard Despaties, affirme avoir donné un chèque à M. Forget pour l’achat d’actions, au siège social de la SQ, rue Parthenais à Montréal.
√ L’ex-DG de la SQ Mario Laprise dit avoir acheté des actions de Newtech à la suggestion de Forget.
√ Un ex-officier qui a requis l’anonymat affirme aussi avoir donné un chèque à M. Forget, au siège social de la SQ.
√ Un autre ex-policier dont nous protégeons l’identité soutient que M. Forget l’a convaincu d’acheter. Il dit avoir donné son chèque à Pierre Lebeau, un ex-lieutenant de la SQ qui a éventuellement été copropriétaire d’un chalet avec M. Forget.
TRÈS ACTIF SELON D’EX-COLLÈGUES
Marcel Forget est commissaire associé aux vérifications à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) depuis novembre 2013. Il est chargé d’évaluer la probité des entreprises qui souhaitent participer aux marchés publics, pour le compte de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Début novembre, notre Bureau d’enquête avait rapporté les propos de deux ex-collègues de M. Forget, dont M. Laprise, qui disaient avoir acheté des actions de Newtech à sa suggestion.
Nos vérifications se sont poursuivies. Six des huit ex-collègues de M. Forget contactés ont rapporté qu’il était très actif à la fin des années 1990 dans la promotion de cette entreprise, dont le concept de frein intégral et inusable pour automobiles n’a jamais abouti.
Les cinq qui ont décidé d’acheter des actions ont affirmé que M. Forget avait joué un rôle important dans leur décision. La valeur de chacune de leurs transactions est variée, mais toujours de moins de 20 000 $.
Rappelons que de nombreux petits investisseurs ont perdu toute leur mise dans l’aventure, qui s’est soldée par des condamnations après poursuites de l’AMF.
L’homme d’affaires controversé Marcel Pontbriand a notamment fait les manchettes parce qu’il a vendu illégalement des actions de Newtech, sans avoir le titre de courtier.
Marcel Forget n’a fait l’objet d’aucune accusation. Il nie avoir effectué du courtage de valeurs mobilières sans permis (voir autre texte).
L’AMF affirme ne pas avoir enquêté sur M. Forget, mais rappelle que l’exercice « systématique et régulier » d’activités de conseil pourrait nécessiter de s’inscrire comme courtier (voir texte à gauche).
« AVEC LES RÈGLEMENTS QUI EXISTENT, AVEC TOUT, JE LEUR DIRAIS DE S’ARRANGER AVEC LEURS AFFAIRES. » – Marcel Forget